lundi 15 mars 2010

Låt den rätte komma in (morse)


"Si je pars, je vis. Si je reste, je meurs..."

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Le cinéma scandinave, dominé par les auteur-itaires Lars Von Trier et Aki Kaurismäki ou les exilés Bille August et Susanne Bier, nous a récemment donné plusieurs motifs de satisfaction. En Suède, la figure tutélaire Bergman n'a fort heureusement pas étouffé les vocations. Après Bo Widerberg, disparu en 1997 et que l'on redécouvre un peu aujourd'hui, et l'américanisé Lasse Hallström, Niels Arden Oplev puis les frères Alfredson se sont successivement distingués, le premier avec l'adaptation Män som hatar kvinnor, les seconds en réalisant respectivement ce très remarquable récit fantastique et le deuxième volet de la trilogie (tétralogie ?) larssonienne. Présenté dans de nombreux festivals internationaux(1), Låt den rätte komma in a notamment obtenu les "Grand prix" et "Prix de la critique" du 16e Fantastic'Arts.
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Avant de s'endormir, un jeune adolescent blond se livre à un rite étrange et incisif. Arrivés en taxi, un homme et un enfant s'installent dans l'appartement voisin dont l'une des fenêtres est presque aussitôt obturée. Dans son collège, Oskar fait l'objet des moqueries et des violences de la part de son camarade Conny et des deux élèves entraînés à lui prêter main forte. A Vällingby, autre localité de la banlieue de Stockholm, l'individu, résidant désormais dans le logement mitoyen à celui occupé par Oskar et sa mère, accoste un jeune homme. Après l'avoir anesthésié puis pendu par les pieds pour recueillir son sang, il doit cesser sa macabre opération, interrompu par l'arrivée d'un chien précédant sa maîtresse, et abandonner sa victime. Au même moment, Oskar rencontre brièvement sa nouvelle voisine Eli. Il la revoit un peu plus longuement le lendemain soir et lui confie son Rubik's Cube. Un peu plus tard, la jeune fille attaque sauvagement un passant nommé Jocke, mortel assaut dont Gösta, l'ami de celui-ci, se trouve être le témoin impuissant.
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Ce "glaçant conte de fée" (dixit Guillermo del Toro qui connaît son sujet) nous oblige assurément à reconsidérer nos repères en matière de film de vampire(2). Le mérite en revient bien sûr d'abord au roman éponyme, le premier de John Ajvide Lindqvist (dont il faut d'ailleurs conseiller la lecture en raison du choix narratif singulier qu'il adopte, assez différent du dispositif filmique, et des compléments apportés). Ensuite à son adaptation à la fois très réaliste et poético-surnaturelle réalisée par l'auteur en collaboration avec Tomas Alfredson. D'emblée, le rythme, comme engourdi, de Låt den rätte komma in peut surprendre, voire même dérouter. Une impression renforcée par le caractère diffus, faussement épars de la narration où la muette souffrance tient un rôle prépondérant. Difficile cependant de résister à la fascination qu'exerce cette insolite (inexplicable ?) histoire d'amour portée, incarnée par deux étonnants jeunes acteurs débutants.
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1. parmi lesquels, dans l'ordre, Tribeca (meilleure histoire), Sitges ("Méliès d'or") avant d'être nommé aux European Film Awards 2009 et BAFTA 2010.
2. une rénovation inédite du genre que n'avaient pas produite en leur temps Martin de Romero, Fright Night de Tom Holland, Innocent Blood de Landis et, a fortiori, la franchise en cours Twilight mais qu'avait en revanche réussie le Near Dark de Kathryn Bigelow.




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