mardi 16 février 2010

The Hurt Locker (démineurs)


"This box is full of stuff that almost kill me."

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The Hurt Locker (expression aux multiples et complexes significations) est-il un bon film ? Si l'on se fiait simplement aux chiffres(1), la réponse serait sans doute négative. Le huitième long métrage de Kathryn Bigelow, le premier de la réalisatrice sélectionné à la Mostra, fait pourtant l'objet de louanges presque unanimes de la part de la critique et de la corporation. Collectionnant d'innombrables nominations et récompenses, parmi lesquelles celles des Producers et Directors Guilds of America(2) notamment. Face à ce patent hiatus entre public et professionnels, il faut donc trouver des arguments (à charge et à décharge !) susceptibles de trancher sérieusement la question initiale.
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L'expérimenté sergent William James doit remplacer son homologue Matt Thompson, tué par une bombe artisanale, à la tête d'une brigade de déminage basée à Bagdad, composée du sergent JT Sanborn et du soldat Owen Eldridge. A trente-huit jours de la relève, la Compagnie Bravo doit intervenir pour évaluer le danger et, le cas échéant, neutraliser tout dispositif signalé comme pouvant constituer un engin explosif improvisé (IED). Au cours de leur première mission ensemble, la décision prise par James de ne pas envoyer le robot télécommandé et son emploi déconcertant d'une cartouche fumigène le font passer auprès de ses coéquipiers pour un individu téméraire et imprévisible. Une impression confirmée lors d'une intervention sur un véhicule suspect abandonné à proximité d'un bâtiment des Nations Unis.
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"Ca pourrait devenir le Platoon de la guerre en Irak" suggérait en interview James Cameron à propos du film de son ex-épouse. Les différences avec celui d'Oliver Stone sont pourtant nombreuses (thématiques : perte de l'innocence, pacifisme et surtout tonales : à la fois viscéral et lyrique caractérisent le quatrième long métrage du New-yorkais). L'originalité de The Hurt Locker, ce sont ses partis pris. Venant après des productions consacrées au conflit lui-même (Jarhead), à ses conséquences (géo)politiques (Syriana, The Kingdom, Body of Lies) ou plus intimes (In the Valley of Elah inspiré lui aussi et co-signé par Mark Boal), il opte résolument pour un point de vue plus réaliste et circonscrit, comme l'avaient néanmoins fait avant lui Redacted ou Battle for Haditha. The Hurt Locker bénéficie pour cela de l'expérience sur le terrain du journaliste Boal, d'un tournage en Super 16 confié au Mancunien Barry Ackroyd (collaborateur de Loach et de Greengrass) et d'un casting efficace mais sans personnalité "hollywoodemblématique". Ni patriotisme convenu, ni discours simplistes, juste l'expression formelle et crédible de la haine ou du besoin pathologico-addictif(3) des situations de guerre. Pour ces raisons (et probablement encore quelques autres) The Hurt Locker peut effectivement être qualifié de bon film.
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1. 17,6M$ de recettes mondiales (dont près de 72% aux Etats-Unis) pour un budget de 15M$. En France, le film a attiré moins de quatre-vingt dix mille spectateurs.
2. en attendant le verdict des prochains BAFTA (8 citations) et Academy Awards (en compétition dans 9 catégories).
3. la phrase "The rush of battle is often a potent and lethal addiction, for war is a drug" tirée de l'ouvrage du correspondant de guerre et écrivain Chris Hedges "War is a Force That Gives Us Meaning" (2002) est placée en exergue du film.

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