lundi 11 janvier 2010

Sukai kurora (sky crawlers, l'armée du ciel)


"... Mais les gens qui risquent de mourir demain ont-ils besoin de grandir ?"

 - film - 51268_1
Sorti au Japon dans la foulée de Kôkaku kidôtai 2.0 (version révisée du film de 1995) et peu avant le collectif Kiru, ce douzième long métrage d'animation de Mamoru Oshii surprend d'emblée par les différences qu'il introduit dans l'univers du cinéaste. A la manière d'un conte philosophique, Sukai kurora s'aventure en effet dans des horizons apparemment inhabituels, ceux explorés par l'ingénieur et romancier Hiroshi Mori dans la série éponyme, publiée entre 2001 et 2008, également éditée en manga. Adaptée par Chihiro Itou (souvent associé à Isao Yukisada), cette première production de Tomohiko Ishii, jusque-là collaborateur des Miyazaki père et fils, était en compétition pour le "Lion d'or" de la 65e édition de la Mostra avant d'être plusieurs fois récompensée à Sitges.
 - film - 51268_5
Affecté à une autre base de Rostock, Yuichi Kannami est accueilli à sa descente d'avion par la chef-mécano Sasakura. Celle-ci lui apprend aussitôt qu'il va devoir échanger son Sanka Mk B contre celui d'un ancien pilote. Après s'être présenté à l'officier supérieur Suito Kusanagi, Yuichi rencontre les trois autres pilotes du site, Yudagawa, Uroyuki Shinoda et enfin son camarade de chambrée et partenaire de vol Tokino Naofumi. Le lendemain, au moment où ils s'apprêtent à rentrer de leur première mission, Yuichi et Tokino aperçoivent trois avions ennemis qui les prennent en chasse. Au terme du bref affrontement, deux d'entre eux sont abattus par le premier.
 - film - 51268_10
Après avoir fait leur rapport à Kusanagi, Yuichi l'interroge sur son prédécesseur, Jinroh Kurita, mais n'obtient pas les réponses attendues. Le soir, Tokino emmène le nouveau venu au "Daniel's Diner" où ils sont bientôt rejoints par Kusumi et Fooco. Cette dernière avoue dans l'intimité avoir connu Jinroh sans pour autant savoir ce qu'il est devenu. Yuichi fait ensuite la connaissance de Mizuki Kusanagi qui se présente comme la sœur cadette de Suito. Tokino lui révèle qu'elle est en réalité la fille de l'officier. Puis Yudagawa lui dévoile l'élimination de Jinroh par Kusanagi. Au cours d'une visite de touristes, un avion d'une zone proche, mitraillé par l'ennemi, passe au dessus de la base et s'écrase un peu plus loin.
 - film - 51268_13
Une curieuse torpeur baigne Sukai kurora, étrangeté alimentée par de sporadiques et énigmatiques gros plans. Situé dans une matérialité (une histoire) alternative, le scénario ne se laisse d'ailleurs pas saisir si facilement. Cette réalité diffuse, intemporelle, enfantine et l'humanité hypothétique qu'il développe constituant, avec la présence rituelle du basset hound (vu en particulier dans Inosensu: Kôkaku kidôtai), les points d'ancrage dans l'imaginaire oshiien. Le récit semble profondément inspiré par le concept zarathoustrien de l'éternel retour*, impression renforcée par l'implicite distension du temps, du rythme et des liens entre les personnages. Il forme sans doute l'élément le plus déterminant du film, l'avance artistique et technique du cinéma d'animation japonais par rapport à l'occidental s'étant progressivement réduite à l'exception toujours notable du travail sur les lumières. Sukai kurora ne déçoit pas les adeptes de cet amateur de cinéma européen ; il pourrait bien même élargir son audience traditionnelle.
___
*absence de finalité (ou de finitude), l'être au sens ontologique n'existant pas.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire