mardi 5 janvier 2010

Inglourious Basterds


"... We simply aren't operating on the level of mutual respect I assumed."

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S'il ne peut à l'évidence nier son empreinte "génétique", ce sixième film(1) réalisé par Quentin Tarantino se démarque sensiblement des précédents. D'abord, parce qu'il est le premier à remonter dans un passé historique, douloureux et universel de surcroît. Ensuite, et conséquence directe de ce choix scénaristique, il n'est pas seulement cocasse, extravagant, cinéphile mais aussi cathartique. Troisième film de Tarantino présenté en compétition à Cannes, nommé dans quatre catégories des prochains "Golden Globes" (film, réalisateur, scénario, second rôle mascuklin), Inglourious Basterds constitue enfin, sur un plan dérivé, son plus gros succès public et commercial(2).
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1941, dans une partie occupée de la France rurale. Perrier LaPadite et ses trois filles reçoivent la visite impromptue du colonel Hans Landa. Le façonnier officier nazi souhaite interroger son hôte obligé sur la disparition de quatre familles juives de la localité, en particulier les Dreyfus. LaPadite est bientôt contraint de révéler qu'il les cache sous le plancher de sa modeste maison, les condamnant ainsi à une immédiate exécution par les soldats accompagnant Landa. Seule Shosanna, la plus jeune des Dreyfus, réussit à échapper aux tirs et à s'enfuir. Un peu plus tard, le lieutenant américain Aldo Raine, dit 'The Apache', prend la tête d'une petite section de huit compatriotes juifs dont chacun des membres s'est engagé à éliminer et scalper au moins cent boches. Parmi eux figurent l'inquiétant sgt. Donny Donowitz alias 'The Bear Jew', habitué à défoncer le crâne de ses prises à coups de batte de base-ball. Le groupe s'adjoint la participation du désaxé adjudant Hugo Stiglitz, ex-nazi qu'il libére des geôles allemandes. Juin 1944. Shosanna est devenue, sous le nom d'Emmanuelle Mimieux, la propriétaire d'une salle de cinéma parisienne, "Le Gamaar". Un soir, elle est abordée par un jeune soldat allemand, Fredrick Zoller. L'individu, dont l'intérêt n'est pas seulement cinéphilique, se révèle être un héros de guerre dont les exploits viennent de faire l'objet d'un film, "Stolz der nation", dans lequel il tient son propre rôle.
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"Getting a whack at planting old uncle Adolf makes this horse a different colour." Drame de guerre-stack cake(3), "naturellement" influencé par Quel maledetto treno blindato (plus que par The Dirty Dozen ou Where Eagles Dare notamment), Inglourious Basterds laissera sans doute une meilleure et plus durable impression que la production de série B d'Enzo G. Castellari. Mais il semble également confirmer le choix délibéré de Quentin Tarantino de s'exprimer, aussi féroce et/ou brillante soit cette expression, à travers le film de genre "référencé", désormais marque de fabrique du cinéaste. Ecrit peu après le tournage de Pulp Fiction, le scénario (structuré en cinq chapitres) se montre conceptuellement assez proche de celui-ci, tant par le retournement des conventions qu'il opère, par l'importance des dialogues et de la bande musicale "empruntée" que par ses fulgurances (en particulier la scène dans la taverne à Nadine). Les interprétations de Brad Pitt, de Mélanie Laurent et surtout de Christoph Waltz, légitimement récompensé sur La Croisette, n'ont à vrai dire rien à envier à celles du quintette de tête du film "palmé" à Cannes. Exalté, réjouissant, Inglourious Basterds ne bénéficie cependant plus de l'effet de surprise. Un handicap modéré eu égard au plaisir pris (si l'on accepte son rythme erratique) en le regardant.
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1. en presque vingt ans d'une carrière, débutant avec son premier long métrage et dans laquelle le diptyque Kill Bill ne compte qu'une fois.
2. doté d'un budget de 70M$, ses recettes internationales ont atteint près de 312M$ dont 61% à l'étranger.
3. recette traditionnelle du Tennessee natal de Tarantino, comme l'on dit western-spaghetti ou macaroni-combat !

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