lundi 21 décembre 2009

Blood on the Sun (du sang dans le soleil)


"Have you play this game before?"

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Antépénultième réalisation de l'Ecossais Frank Lloyd(1), titulaire de deux "Oscars" et surtout connu pour son adaptation du Mutiny on the Bounty, Blood on the Sun(2) constitue, sauf erreur, l'unique et plutôt réussie tentative de donner un contenu fictionnel au controversé Tanaka Josobun divulgué par la presse chinoise en 1929. A partir de l'idée du producteur Frank Melford, Garrett Fort (Frankenstein, The Mark of Zorro...) développe un récit où se mêlent de façon presque baroque journalisme, intrigues géopolitiques, espionnage et passion amoureuse. Produit par son frère cadet William, le film donnait l'occasion à James Cagney de partager pour la première et seule fois la vedette avec Sylvia Sidney, absente des plateaux de tournage depuis quatre ans.
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En révélant le projet de conquête mondiale du premier ministre, le baron Giichi Tanaka, le quotidien "Tokyo Chronicle" crée l'émoi parmi la population et auprès des autorités locales. Bien qu'il s'en défende officiellement, le directeur de la rédaction Nicholas 'Nick' Condon est l'auteur de cet article de une. Pour obtenir des preuves incontestables, il compte sur son collaborateur Oliver 'Ollie' Miller. Mais celui-ci, véritable pilier de bar, vient d'empocher une forte somme et se réjouit d'embarquer le soir même avec son épouse Edith pour rentrer aux Etats-Unis. Lorsqu'il se rend dans la cabine des Miller pour saluer ses amis avant leur départ, Condon découvre le cadavre d'Edith. Il se lance alors à la poursuite d'une étrange femme qui vient de quitter la pièce ; l'inconnue réussit néanmoins à s'enfuir.
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Blood on the Sun sort sur les écrans quelques jours seulement avant la célèbre Conférence tripartite de Potsdam au terme de laquelle la reddition de l'empire nippon est notamment réclamée. Avec le recul historique, le film semble justifier a priori les terribles bombardements atomiques d'août 1945 qui scelleront la fin du conflit avec l'ennemi direct et le plus dangereux des Etats-Unis. Entre fantasmes romanesques et caricatures (quasi tintinesques !), sa dimension propagandiste ne saurait d'ailleurs être ignorée. Sur le plan strictement cinématographique, si l'on néglige les quelques longueurs que s'autorise le script ou le (tout premier) casting de Marvin Miller en chef de la police japonaise, cette production indépendante ne manque pas d'intérêt. A commencer, outre l'histoire, par l'interprétation des acteurs principaux, l'énergie immédiate et communicative de l'Irlando-norvégien James Cagney(3), proche de celle dont il fera bientôt preuve dans l'excellent White Heat, le charme mystérieux de la Russo-roumaine Sylvia Sidney (dont le métissage chinois s'avère pourtant crédible). Sans oublier l'efficace photographie du natif allemand Theodor Sparkuhl qui éclairait déjà Johnny Come Lately et la qualité de la production artistique (en particulier les décors intérieurs de Wiard Ihnen et A. Roland Fields récompensés aux Academy Awards 1946).
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1. l'un des trente-six fondateurs de l'Academy of Motion Picture Arts and Sciences (AMPAS) dont il fut le sixième président en 1934-1935.
2. qui, à l'exception de son titre français, ne partage aucun point commun avec le Proibito de Monicelli.
3. figurant non crédité, alors âgé de 35 ans, dans Mutiny on the Bounty déjà cité.

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