samedi 17 octobre 2009

The Proposition


"Samuel Stote : Is that what we are, misanthropes?"
"Arthur Burns : Good Lord no. We're a family!"

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L'Australie pourrait-elle devenir, après l'Italie, la "nouvelle frontière" du western ? Des obstacles historico-coloniaux avaient, semble-t-il jusque-là, freiné son développement ; les productions du genre(1) y restent donc rares. Mais s'ils étaient levés, The Proposition apparaîtrait alors sans doute comme une œuvre précurseure et de référence. Signé par Nick Cave, déjà co-scénariste du drame horrifique Ghosts... of the Civil Dead, le troisième film de John Hillcoat, derrière son âpreté immédiate, ne manque en effet pas de force narrative et d'originalité. Présenté au Toronto Film Festival en septembre 2005 puis sélectionné dans plusieurs autres manifestations cinématographiques, notamment à la 56e édition de la Berlinale, The Proposition a obtenu quatre récompenses(2) (sur douze nominations) décernées par l'Australian Film Institute.
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Au terme d'une furieuse fusillade, Charlie Burns et son jeune frère Mikey sont appréhendés par le capitaine Morris Stanley et ses hommes. Criminels notoires, les deux hommes sont passibles d'une peine de mort par pendaison. Mais l'officier de police propose à Charlie un marché. Suspendre pendant neuf jours l'exécution de Mikey contre la tête de leur frère aîné Arthur dont ils se sont séparés, probablement à la suite de l'épouvantable meurtre de la famille Hopkins. Déterminé à sauver son cher et craintif Mikey, Charlie accepte l'offre et part pour une zone rocheuse où il rencontre Jellon Lamb. Celui-ci lui révèle la présence d'un blanc, entouré de quelques complices, dans une grotte située au milieu d'un territoire peuplé d'aborigènes hostiles. De son côté, Stanley doit tenter de réfréner les interrogations et les critiques que suscitent ses décisions y compris de la part de son épouse Martha, proche de la défunte Mrs. Hopkins.
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"Australia. What fresh hell is this?" L'insoupçonné talent d'écriture de Nick Cave dépasse, de toute évidence, le seul cadre des compositions musicales grâce auxquelles est connu depuis les années 1970-80 ce natif du Sud-Est australien. Derrière cet astucieux pitch qui donne son titre au film, indigénisme, civilisation et bestialité se croisent et s'affrontent avec un naturalisme souvent proche de la crudité. Plus crépusculaire par les contemplations du principal antagoniste que par son climat ou son éventuelle appartenance au sous-genre dans lequel on range habituellement certains des films de Sam Peckinpah ou de Clint Eastwood, The Proposition est surtout imprévisible et déroutant, deux authentiques qualités au regard de la production (normée ou normative) actuelle(3). Des atouts indéniables que viennent renforcer la production, la réalisation, les interprétations (en particulier celles des Britanniques Ray Winstone et Guy Pearce ainsi que les deux apparitions de John Hurt) et la bande originale signée Nick Cave-Warren Ellis (membre de Bad Seeds, également associé au premier pour la B.O.F. de The Assassination of Jesse James by the Coward Robert Ford).
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1. représentées par le biopic romancé Ned Kelly de Gregor Jordan.
2. meilleurs photographie, costumes, bande originale et direction artistique.
3. caractères que l'on retrouve un peu dans le Seraphim Falls de David Von Ancken.

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