Per qualche dollaro in più (et pour quelques dollars de plus)

"Qui a dit qu'il s'agissait d'une blague ?"

Elaboré dans l'urgence et tourné (avril-juin 1965) quelques mois seulement après la sortie italienne et l'inattendu succès européen(1) du précurseur Per un pugno di dollari, ce deuxième volet de la Trilogie dite "du dollar" reprend les ferments narratifs et les deux principaux acteurs du précédent. Intermédiaire "patenté" et pacificateur inespéré dans celui-ci, Clint Eastwood, titulaire d'un rôle de faux manchot à nouveau anonyme, retrouve en effet Gian Maria Volontè (sous son propre nom cette fois !). Il y partage l'affiche avec Lee Van Cleef, presque inactif depuis sa participation trois ans auparavant à The Man Who Shot Liberty Valance. Premier film notable produit par l'ancien juriste Alberto Grimaldi(2), Per qualche dollaro in più reste encore aujourd'hui l'un des western italiens préférés par les amateurs du genre.

Un personnage peu engageant, lecteur de "La Bible" et fumeur de pipe, fait stopper le train dans lequel il voyage à Tucumcari. Chasseur de prime, il y abat, à l'aide d'un étonnant revolver à crosse de carabine, le malfaiteur recherché Guy Callaway. Intéressé par la récompense offerte pour Baby 'Red' Cavanagh, l'ex-colonel Douglas Mortimer est pris de vitesse par un concurrent surnommé Monco. Les deux hommes se retrouvent d'abord face à face puis associés pour la capture du cruel El Indio, évadé grâce à ses complices de la prison où il vient de passer dix-huit mois. Celui-ci, après avoir éliminé l'homme à l'origine de son arrestation, l'épouse et le très jeune fils de ce dernier, a prévu de voler le contenu du coffre de la banque d'El Paso, réputée pour sa sécurité.

Si la continuité avec Per un pugno di dollari ne fait aucun doute, Per qualche dollaro in più s'en démarque par quelques aspects. La plus évidente étant l'évolution qualitative de la réalisation et l'affirmation stylistique de Sergio Leone. Même partiellement voilées, les intentions des principaux protagonistes sont également plus claires. La seconde partie du film apparaît pourtant plus heurtée, moins convaincante que le laissait supposer le scénario jusqu'à la rencontre à El Paso (et l'amusante séance de tir aux chapeaux). Choisi pour interpréter un personnage écrit pour Lee Marvin(3), Lee Van Cleef, aux côtés d'un solide Clint Eastwood, l'assume avec un certain brio. Suffisant, semble-t-il, pour rempiler en Sentenza, Il Cattivo dans l'excellent dernier volet de la trilogie.

___

1. la distribution aux US n'a débuté qu'en janvier 1967.

2. partenaire ensuite de Sergio Sollima, Sergio Corbucci, Federico Fellini, Gillo Pontecorvo, Pier Paolo Pasolini, Bernardo Bertolucci et Martin Scorsese notamment.

3. Robert Ryan, Henry Fonda et Charles Bronson ont ensuite été pressentis ou sollicités pour le rôle.