mercredi 21 octobre 2009

Je l'aimais


"Je dis que j'ai peur de vous perdre."

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Avec Je l'aimais, adapté du deuxième roman paru en 2003 d'Anna Gavalda (Claude Berri s'était précédemment chargé de porter le suivant à l'écran), la réalisatrice Zabou Breitman ajoute un troisième tome à sa "recherche du bonheur (perdu)" entamée il y a huit ans avec Se souvenir des belles choses. Produit par le polyvalent italien Fabio Conversi, celui-là même qui assurait en partie pour Diane Kurys la photographie de La Baule-les-pins (dans lequel une certaine Zabou tenait le rôle de la cousine Bella), il s'agit comme celui-ci d'un drame de couple(s) à la saveur néanmoins sensiblement plus amère.
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Une nuit, Pierre Houdard décide d'emmener sa brue Chloé et ses deux petites-filles Lucie et Marion dans le chalet qu'il possède à la montagne. Chloé est ébranlée par le départ de son mari Adrien pour une autre femme. L'alcool, les petits plats cuisinés par Pierre ou son récit du triste sort de son frère Paul, mort de tuberculose à son retour d'Algérie, ne réussissent pas lui apporter un quelconque réconfort. Il lui raconte alors longuement le bel et délicat amour qu'il a voué près de vingt ans auparavant à une femme, Mathilde Courbet, traductrice-remplacante rencontrée lors d'un important voyage d'affaires à Hong Kong. Une relation longtemps ignorée par son épouse Suzanne.
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Quasi huis clos s'évadant grâce à trois longs flash-back, Je l'aimais met avec délicatesse la complexité dialectique du sentiment amoureux en équation (à deux inconnues en forme d'alternatives : quitter-être quitté(e), partir-rester). Illustration graphique de la banale mais presque toujours douloureuse, éprouvante posture d'aimer sous la contrainte de devoir le conjuguer à l'imparfait. A nouveau signé en compagnie d'Agnès de Sacy*, le scénario distille une douceur et une lenteur salvatrices. La scène de la rencontre (en totale rupture avec les canons en vigueur en matière de narration et de rythme) justifierait à elle seule l'existence d'un film que, un peu par provocation, je situerais à mi-chemin entre In The Mood For Love et Lost in Translation (l'humour en moins). Déjà conquis par Charlotte Gainsbourg alias Judith (L'Un reste, l'autre part) puis par Anna Mouglalis dite Milla (Sotto falso nome), Daniel Auteuil reste parfaitement crédible en trente(quinquagé)naire séduit (et séducteur) par une jeune femme. Quant à la Québécoise Marie-Josée Croze, elle reste tout bonnement... superlative !
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*qui connaît son sujet puisque, outre ses collaborations avec Valeria Bruni Tedeschi, elle a participé à l'écriture du récent La Fabrique des sentiments.

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