jeudi 22 octobre 2009

Coraline


"You probably think this world is a dream come true, but you're wrong."

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Nous étions nombreux à attendre, avec une certaine impatience, le quatrième long métrage d'Henry Selick. Ce spécialiste reconnu de l'animation, passé chez Disney après ses études au California Institute of Arts, avait attiré notre attention depuis son court Seepage en 1981 et plus encore, malgré l'ombre portée par son auteur Tim Burton, avec The Nightmare Before Christmas puis James and the Giant Peach*, "Cristal" du festival d'Annecy en 1997. Adapté du bref conte fantastique publié en 2002 par l'écrivain-scénariste (et ami d'Alan Moore) Neil Gaiman (MirrorMask, Stardust, Beowulf), Coraline possède assez d'atouts pour devenir l'un des classiques de l'animation de l'histoire du cinéma.
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A peine arrivée à la résidence "Pink Palace" où viennent de déménager ses parents Mel et Charlie, Coraline Jones part, munie d'une baguette de sourcier et suivie à distance par un chat famélique, à la recherche d'un vieux puits secret dont elle a entendu parler. Postée sans le savoir sur le site en question, elle est d'abord effrayée par le soudain miaulement du félin sauvage puis par la puissante sirène d'un bicycle chevauché par un individu portant un casque terrifiant. Au moment où il se présente enfin à la jeune fille venue de Pontiac (Michigan), Wyborne 'Wybie' Lovat doit rejoindre sa grand-mère, le logeuse des Jones, qui le réclame. Livrée à elle-même par des parents accaparés par la rédaction d'un catalogue de jardinage, Coraline explore, en compagnie d'une poupée de son qui lui ressemble fort trouvée par Wybie dans une malle, la vétuste maison.
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Elle déballe ensuite et range sur la cheminée la collection de boules à neige de sa mère mais ne retrouve plus sa poupée posée sur la table. Celle-ci gît sur le sol, en partie cachée par un carton, lequel dissimule une petite porte fermée et recouverte de papier peint. Lorsque sa mère consent à trouver la clé et à l'ouvrir, elle découvre avec déception un mur de briques. Après un infâme et triste dîner, Coraline rejoint sa chambre pour dormir. Au milieu de la nuit, elle est réveillée par une souris qu'elle suit jusqu'au salon. Le petit rongeur se glisse derrière la petite porte donnant cette fois accès à un tunnel moelleux et lumineux au bout duquel se trouve une seconde porte. Sans hésiter, Coraline pénètre dans l'étrange passage.
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En se situant résolument dans la lignée prestigieuse du récit enfantin fantasmé, c'est à dire celle des The Wizard of Oz, Alice in Wonderland ou Something Wicked This Way Comes notamment, Coraline s'exposait d'emblée à une périlleuse comparaison. Malgré l'évidente proximité avec l'ouvrage de Lewis Carroll publié en 1865, le roman de Neil Gaiman et son adaptation cinématographique développent une complexité, une richesse narrative lui assurant une indéniable originalité. Le film interpelle, dès son générique, le spectateur en ancrant, de façon intrigante, l'histoire dans une antériorité qu'il ne peut encore (dis)cerner. Une fois la phase d'exposition close (un quart d'heure sans raccourci), il fait alors subir à la tension dramatique un irréversible, incroyable et inégalé mouvement de crescendo. La diversité baroque des personnages, l'inventivité visuelle, subtilement spectaculaire (même sans lunettes !), la qualité artistique impressionnent sans cesse. De la très belle ouvrage.
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*sorti en 2001, Monkeybone, mêlant prises de vues réelles et animation, reste inédit en France.
**succès aux Etats-Unis (75M$ des près de 122M$ de recettes internationales pour un budget d'environ 60M$), le film occupe la onzième place, loin derrière Up, des productions en 3D et la deuxième des stop motion entre Chicken Run et The Nightmare Before Christmas. Entré à la troisième position du box-office français, Coraline n'est resté que deux semaines dans le top ten, son exploitation ne réunissant qu'un peu moins de 380 000 spectateurs.

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