jeudi 1 octobre 2009

Blaise Pascal


"... Que nous sommes entre les mains de Dieu, qui aveugle les uns, éclairent les autres..."

 - film - 11822_3
A partir du milieu des années 1960*, Roberto Rossellini rompt provisoirement avec la fiction pour se tourner vers le documentaire, des productions biographiques et la télévision. C'est ainsi qu'il réalise en 1966 pour l'ORTF La Prise de pouvoir par Louis XIV puis Socrate cinq ans après. En 1972, le cinéaste romain entame avec Blaise Pascal un cycle de quatre films historiques à vocation assez nettement didactique. Une démarche qui s'inscrit alors dans le projet de Rossellini, nommé commissaire extraordinaire du Centro Sperimentale di Cinematografia, de promouvoir la recherche interdisciplinaire dans le cadre de la communication grand public. Le rôle titre est confié au comédien Pierre Arditi dont la carrière est jusque-là surtout télévisuelle.
 - film - 11822_7
Juge local et membre de la petite noblesse, Etienne Pascal vient d'être nommé intendant du roi pour l'impôt et la levée des tailles à Rouen. Ce féru de mathématiques et de sciences est accompagné de deux de ses enfants, Blaise et Jacqueline. Agé de dix-sept ans ans, le cadet réussit contre toute attente à rendre compréhensible "La Leçon des ténèbres" du géomètre lyonnais Desargues. Il assiste ensuite, en tant qu'auditeur, au procès en sorcellerie de Michèle Martin, servante chez M. Moulinet. Puis il conçoit et fait ouvrager une machine à calculer afin de faciliter la charge de son père. Gravement blessé à la jambe, celui-ci reçoit quelques années plus tard les soins de deux médecins jansénistes, La Bouteillerie et Deslandes. Les échanges scientifiques et théologiques avec ces disciples de l'abbé de Saint-Cyran, Jean Duvergier de Hauranne, poussent bientôt Blaise à la croyance et la conversion. Il consacre alors l'essentiel de ses réflexions à prouver l'existence du vide et son incidence sur l'estimation de la pression atmosphérique avant d'être victime d'une soudaine attaque de paralysie des jambes.
 - film - 11822_8
Par son aridité et, tout à la fois, sa dilatation narratives comme par son parti pris sciemment pédagogique, Blaise Pascal est susceptible de rebuter un auditoire non averti. Cette unique biographie filmée (la littérature est en revanche abondante) du géomètre-philosophe reste cependant une œuvre extrêmement précieuse pour ceux qui ont envie de dépasser la présentation souvent scolaire de l'auteur des fameux théorème (d'ailleurs pluriel) et pari. Et même si le long téléfilm de Roberto Rossellini s'autorise quelques oublis, raccourcis ou, au contraire, développements dont l'utilité n'apparaît pas éclatante, il atteint son objectif principal : souligner la complexe imbrication conflictuelle entre science et religion.
___
*c'est à dire après Anima nera et la co-signature du scénario des Carabiniers de Godard.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire