mardi 14 juillet 2009

Casanova '70

"- A la vitesse ?
- A la peur."

 - film - 20935_6
C'est entre deux participations à des comédies segmentées* produites par Gianni Hecht Lucari que Mario Monicelli signe ce(t) (avant-gardiste ?) Casanova '70. La carrière du cinéaste toscan, entamée au milieu des années 1930, est alors sur le point de connaître un second souffle, grâce notamment à sa nomination, en compagnie du fameux duo Agenore Incrocci-Furio Scarpelli, aux Academy Awards 1965 pour le scénario du drame social I Compagni. Signé à six mains, celui de ce film relate les liaisons éphémères d'un bien étrange descendant du célèbre aventurier et séducteur vénitien du XVIIIe siècle. Présenté en première à New York puis, en Europe, à Paris, Casanova '70 permit à Monicelli et à son acteur principal d'être chacun récompensés par le jury de la 13e édition du Festival de San Sebastián et au premier d'être une nouvelle fois cité dans la catégorie "meilleur scénario original" aux "Oscars" 1966.
 - film - 20935_9
Commandant des forces armées de l'OTAN, Andrea Rossi-Colombotti raccompagne Noëlle à leur hôtel après avoir passé la soirée dans un cabaret-spectacle parisien et, prétextant une très tardive réunion au quartier général de l'état-major, l'abandonne illico. L'officier ne quitte en réalité pas les lieux et, passant par la fenêtre, pénètre bientôt dans la chambre partagée avec sa maîtresse qui, effrayée, utilise un revolver. Au terme d'une convocation dans un commissariat de police, la jeune femme d'origine corse stigmatise l'impuissance de son curieux amant avant de mettre un terme à leur relation. Affecté par l'invective, Andrea de retour à Milan décide de consulter un psychanalyste. Diagnostiquant une forme particulière de dégénérescence sexuelle, ce dernier lui conseille de renoncer provisoirement aux femmes, de tenter de maîtriser ses sens et de tenir un journal intime. Quelques temps plus tard, en vacances à Cervinia, Andrea fait la connaissance de Gigliola. Originaire des Pouilles, cette nonne contrariée ayant néanmoins fait vœu d'abstinence semble avoir toutes les qualités pour être l'épouse idéale. Mais la pulsion animale du militaire se réveille soudainement lors d'une représentation de cirque à laquelle ils assistent en famille.
 - film - 20935_14
A la veille de l'abolition du Motion Picture Production Code (usuellement appelé code Hays) aux Etats-Unis et du début de ce que l'on a nommé en Occident la révolution sexuelle, Casanova '70 apparaissait finalement, à l'exception de quelques images suggestives, assez conservateur. La régression psychico-libidinale dont souffre le compulsif play-boy du film ne trouve-t-elle en effet pas sa cause dans une forme de corruption généralisée des mœurs ? Une démonstration à prendre évidemment au second degré, mais qui trahit toutefois un malaise sous-jacent. Andrea Rossi-Colombotti ne possède, en tout cas, qu'une très lointaine parenté avec le libertin dont la romanesque existence a plusieurs fois été portée à l'écran**. A la fois cohérent et léger sur le plan narratif, le pénultième film de Mario Monicelli produit par Carlo Ponti adopte sciemment une logique à sketches. Aux côtés d'un Marcello Mastroianni (au moins !) fidèle à lui-même, les belles Ancônitaine Virna Lisi et Autrichienne Marisa Mell, future partenaire de Tony Curtis dans l'européen Casanova & Co., se partagent gracieusement mais à distance les premiers des logiques nombreux rôles féminins.
___
*"Gente Moderna" dans Alta infedeltà et "Fata Armenia" dans Le Fate.
**par Alexandre Volkoff et René Barberis tous deux avec Ivan Mosjoukine dans le rôle-titre, par Jean Boyer en 1947 ou Steno en 1955 avant les versions très dissemblables de Fellini et de Comencini. En 1982, Ettore Scola évoque La Nuit de Varennes dans laquelle Marcello Mastroianni interprète Casanova.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire