mercredi 24 juin 2009

La Tratta delle bianche (la traite des blanches)


"Dans ce genre de circonstances, il faut garder la tête froide..."

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Ce quatrième long métrage de Luigi Comencini constitue, dans la filmographie du cinéaste lombard, l'un des rares drames à connotations policières, le seul d'ailleurs réalisé à partir d'un scénario original. En produisant La Tratta delle bianche, Dino De Laurentiis et Carlo Ponti ont à cette époque l'espoir de connaître un succès au moins comparable à celui de Persiane chiuse, sorti en mars 1951, du même Comencini avec également Eleonora Rossi Drago mais produit alors par Luigi Rovere pour la Lux. Argument majeur des deux promoteurs pour atteindre leur objectif : la présence au casting de quatre séduisantes actrices.
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Responsable opérationnel d'un trafic international de jeunes femmes destinées malgré elles à la prostitution, Marquedi se rend chez Alda qui manquait à l'appel lors de la dernière expédition qu'il a assurée. Leur conversation est rapidement interrompue par Carlo, l'amant d'Alda récemment libéré de prison, qui renvoie sans ménagement le sinistre et indésirable individu. Pour éliminer Carlo, Marquedi convainc son débiteur Michele de l'associer au vol de la recette d'une salle de pelote basque appartenant à son patron Lauredi. Au moment où ils sont avertis par leurs complices de l'arrivée de la police, les deux hommes ne trouvent dans le coffre que des papiers apparemment sans valeur. Légèrement blessé au bras, Carlo parvient à s'enfuir et à se réfugier chez Alda avant d'y être à son tour arrêté. Resté libre, Michele est devenu persona non grata dans le misérable lotissement où vivent Alda et les familles des incarcérés. Rassuré et sournoisement encouragé par Marquedi, Michele accepte de lui faire rencontrer son amie Lucia aux charmes évidents.
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Avec ses intrigues disposées en pâtissier mille-feuille, ses sentiments croisés et rivalités, La Tratta delle bianche évoque indéniablement le roman-photo, très en vogue en Italie depuis la fin des années 1940 et parodié par Fellini dans Lo Sceicco bianco également à l'affiche en septembre 1952. Œuvre singulière dans la carrière de Luigi Comencini, ce film vise ouvertement, comme bon nombre de productions contemporaines telle Sensualità de Clemente Fracassi avec le couple Eleonora Rossi Drago-Marcello Mastroianni, à flatter la concupiscence du spectateur. La rencontre* de l'actrice génoise** avec les Romaines Silvana Pampanini et Sophia Loren, l'Autrichienne Tamara Lees (interprète de Franca dans Vita da cani) ou encore la Suédoise Barbara Florian n'a, il est vrai, rien d'innocent. La présence de l'Etasunien exilé en Europe Marc Lawrence (second rôle de quelques très bons polars comme Key Largo et The Asphalt Jungle), les apparitions de Vittorio Gassman et la longue partie centrale, celle du marathon de danse tournée près de vingt ans avant They Shoot Horses, Don't They? de Sydney Pollack, concourent néanmoins à l'intérêt du film.
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*unique pour ce quatuor, les actrices ayant ou auront toutes l'occasion de tourner ensemble sauf le duo Drago-Loren. Celle-là partageait un peu plus tôt l'affiche avec Lees dans l'explicite et désormais méconnu Verginità.
**dont la ressemblance avec son aînée Ingrid Bergman est parfois troublante.

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