jeudi 14 mai 2009

El Nido vacío (les enfants sont partis)


"Les histoires de famille sont toujours vraies."

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C'est avec une régularité quasi métronomique que le réalisateur argentin Daniel Burman nous livre depuis 1998 ses longs métrages de fiction. Quatre ans après El Abrazo partido (double "Ours d'argent" : Grand prix du jury et acteur principal à Berlin), deux après Derecho de familia particulièrement apprécié dans son pays, sortait l'année dernière en Argentine ce El Nido vacío, venant en quelque sorte prolonger sur un mode plus mélancolique la trilogie familiale précédente. Nommé en 2008 dans trois catégories, ce neuvième film a notamment permis à son interprète principal, Oscar Martínez, d'être récompensé d'un "Concha de plata" à San Sebastián.
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Leonardo Vindel, dramaturge jouissant d'une petite notoriété, a accompagné son épouse Martha à un dîner d'anciens camarades de faculté de celle-ci. Au cours du repas, son attention est attirée par l'inattendue complicité semblant exister entre Martha et Fernando devenu chanteur, puis par une attirante jeune femme assise à une autre table du restaurant. Leonardo y fait également la connaissance du dr Sprivak, lui aussi pièce rapportée, neurologue-chercheur dont le sujet d'étude se révèle être une pathologie rare et étrange. De retour à leur appartement, le couple expriment des point de vues différents sur le comportement de leurs trois enfants ; Leonardo décide d'attendre en écrivant le retour de leur fille Lucia, sortie avec un ami. Mais au matin, c'est Martha qui entre après avoir accompagné cette dernière à l'aéroport. En l'absence de leurs enfants, à présent tous partis poursuivre des études à l'étranger, la relation conjugale s'altère. Martha tente d'achever son cursus universitaire abandonné au moment de la naissance de l'aînée, Leonardo cherche l'inspiration sans daigner accorder beaucoup d'intérêt au premier livre signé par son gendre Ianib Richter.
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Un peu énigmatique, délicatement fantasmatique, El Nido vacío tranche sensiblement avec la tonalité des opus antérieurs du cinéaste. Le co-producteur de Diarios de motocicleta nous entraîne, à notre "esprit défendant", dans une narration aux étranges circonvolutions chorégraphiques où le tango (fond) rencontre le jazz (forme). Le premier contre-pied, temporel, du scénario en ménage bien d'autres. Il faut, pour le spectateur, accepter de se laisser prendre au faux rythme de cette petite musique intérieure bien joliment mise en image par Daniel Burman et son directeur de la photographie Hugo Colace (lui aussi primé à San Sebastián). Pour sa part, Oscar Martínez réussit adroitement à donner à l'inquiétude et au désir de son personnage, presque ordinaire, un relief surprenant aux côtés de l'almodóvarienne Cecilia Roth, sa partenaire dans la série médicale Nueve lunas.

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