mercredi 14 janvier 2009

El Rey de la montaña (les proies)


"Ca t'a éclaboussé."

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Depuis l'adaptation à l'écran par la RKO de la courte et saisissante histoire de Richard Connell, The Most Dangerous Game, le cinéma n'hésite par périodiquement à ouvrir la chasse à l'homme. Ce classique (et rentable) thriller horrifique réalisé à quatre mains par Irving Pichel et Ernest Schoedsack a influencé plusieurs générations de scénaristes, à l'origine de purs remakes(1) mais aussi de productions qui tentent ou parviennent à s'en démarquer(2). Parmi lesquels figure Javier Gullón, ciblant plus volontiers jusque-là un genre bien différent, celui de la comédie. Troisième long métrage du Madrilène Gonzalo Lopez-Gallego, El Rey de la montaña a été présenté en première au Toronto Film Festival avant de faire partie de la sélection de Sitges (Catalogne) et d'être projeté dans le cadre de la 15e édition du Festival du film fantastique de Gérardmer.
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Traversant en voiture une région particulièrement isolée, Quim s'arrête dans une station-service pour y faire le plein de son véhicule et pour téléphoner à Sofia, sa petite-amie qui vient de le quitter. Pendant son appel infructueux, il aperçoit dans la boutique une jeune femme entrain de dérober une barre chocolatée. Il la retrouve dans les toilettes, où, après lui avoir demandé de ne pas trahir son secret, elle s'offre très spontanément à lui. Quim remarque bientôt que son portefeuille lui a été volé, ses soupçons se portant naturellement sur celle qui, après cette brève et soudaine étreinte, vient de quitter précipitamment les lieux. Lorsque l'infortuné voit, ayant repris sa route, l'automobile de la jeune femme s'engager sur une voie secondaire, il décide, non sans avoir hésité, de la suivre. Sa voiture, prise peu après pour cible par un inconnu armé d'un fusil à lunette et posté au sommet d'une colline, tombe en panne. L'agresseur apparaît et, apparemment sans raison, le blesse sérieusement à la jambe droite, l'obligeant à essayer de fuir dans son véhicule agonisant.
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La concision et le minimalisme (sans connotation péjorative) permettent souvent d'atteindre plus aisément l'objectif fixé par les cinéastes. El Rey de la montaña en est un bon exemple. Après une phase d'exposition tout à la fois courte et surprenante, le scénario entreprend de faire entrer ses personnages dans une confrontation qui n'a rien de manichéenne. Ni thriller psychologique ou véritable film d'horreur, ce premier film auquel Gonzalo Lopez-Gallego n'a apporté que quelques modifications narratives s'apparente davantage à un drame reposant sur un enchaînement et une logique absurdes (au sens camusien du terme). Le jeune réalisateur entreprend, a posteriori et de façon un peu systématique, de réfuter l'inévitable évocation du Deliverance de Boorman. Les deux films, malgré les trente-cinq ans qui les séparent, sont en effet, d'un point de vue très général, assez comparables. Mais ils se montrent aussi fortement dissemblables. D'abord sur le basculement, au cours du dernier tiers du métrage, de point de vue associé à un traitement visuel qui emprunte beaucoup au jeu vidéo. Mais aussi et surtout, contrairement au travail opéré par le cinéaste britannique sur Lewis, Ed, Bobby et Drew, à la faible étoffe psychologique de personnages qui restent, pour l'essentiel, de radicaux étrangers entre eux et vis-à-vis du spectateur. Doté d'une réelle vivacité (les compétences de monteur de Lopez-Gallego ne passent pas inaperçues), El Rey de la montaña(3) n'évite pourtant pas quelques passages à vide ou errements(4) dans sa trajectoire, au détriment de la tension dramatique.
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3. de l'espagnol au français, le titre passe de l'agresseur aux victimes, quitte à reprendre celui d'un célèbre film de Don Siegel.
4. y compris dans la vraisemblance de certains passages et erreurs de script.



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