lundi 6 octobre 2008

Wise Blood (le malin)


"I'm... I'm going where... I'm going."

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Fin 1978, à l'exception d'un court métrage (et d'une participation non créditée aux côtés de Stuart Rosenberg pour Love and Bullets), John Huston n'a plus tourné depuis The Man Who Would Be King(1). Le réalisateur de The Treasure of the Sierra Madre a en revanche multiplié les rôles ou apparitions dans des séries Z avant de jeter son dévolu sur le premier roman paru en 1952 de Flannery O'Connor, sudiste et catholique fervente décédée à l'âge de trente-neuf ans. Adapté par Benedict Fitzgerald(2), co-scénariste un quart de siècle plus tard de The Passion... de Mel Gibson, Wise Blood fut présenté hors compétition au 32e Festival de Cannes.
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Démobilisé, Hazel Motes retourne chez lui. Les bourgades traversées en compagnie de l'automobiliste qui l'a pris en stop ont, pendant son absence, été dépeuplées par la construction d'une route. Découvrant une demeure familiale abandonnée et délabrée, le jeune homme, après s'être fait confectionné un costume et revêtu un feutre qui lui donne une apparence de prêcheur, prend le train pour la ville. Arrivé à Taulkinham, Motes se fait conduire chez Leora Watts dont il a relevé l'adresse dans les toilettes de la gare. La présumée logeuse se révèle être une prostituée particulièrement dodue auprès de laquelle il passe la nuit. Le lendemain, au milieu d'un foule assemblée autour d'un vendeur de rue, Motes croise Enoch Emery puis un mendiant-prêcheur aveugle nommé Asa Hawks et sa fille Sabbath Lily. Le solitaire employé du zoo Emery, débarqué de sa campagne deux mois plus tôt, à ses trousses, Motes suit les Hawks. Sur les marches de la mairie, Motes proclame vouloir fonder une église de vérité sans crucifié.
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Co-produit par Michael Fitzgerald (comme le récent The Three Burials of Melquiades Estrada), Wise Blood surprend par son réalisme (aggravé !), sa nerveuse sécheresse et, dans le même temps, par ses inflexions comiques. Le livre de Flannery O'Connor soulignait et ridiculisait la pratique de la plupart des évangélistes de son pays. L'adaptation assez fidèle réalisée par John Huston, sorte d'anti-Elmer Gantry ou Leap of Faith, atteint évidemment un objectif similaire. Mais la remarquable interprétation de Brad Dourif(3), nommé aux "Oscars" dès son deuxième rôle (Billy Bibbit dans One Flew Over the Cuckoo's Nest), donne un incroyable relief à ce récit cruel et symbolique où se croisent et s'entrechoquent destin et vocation, vérité et supercherie ou encore foi et doute.
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1. nommé, rappelons-le, dans quatre catégories, dont trois techniques, des Academy Awards 1976.
2. dont l'auteure géorgienne fut la babysitter.
3. que l'on a revu depuis notamment dans Blue Velvet de David Lynch, en Grima Wormtongue dans les deux derniers volets de la trilogie The Lord of the Rings ou en Doc Cochran dans la série Deadwood.



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