vendredi 3 octobre 2008

Izgnanie (le bannissement)


"C'est un jeu. Tu joues avec les cartes que tu as reçues."

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Avec Vozvrashcheniye, le Russe Andrei Zvyagintsev avait fait forte impression, recevant notamment pour ce premier film un "Lion d'or" à la Mostra 2003. Au terme d'une gestation de presque quatre ans, cette seconde réalisation révèle une apparente prédilection du cinéaste sibérien pour les histoires (affaires) de famille. Librement adapté de "The Laughing Matter" (1953) de l'arméno-étasunien William Saroyan*, Izgnanie ne bénéficie plus de l'effet de surprise et convainc dans l'ensemble moins que le précédent. Présenté en première et en compétition au Festival de Cannes 2007, il n'y obtenait qu'un prix d'interprétation décerné à son acteur principal Konstantin Lavronenko (déjà titulaire du rôle du père dans Vozvrashcheniye).
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Accompagné de son épouse Vera et de leurs deux enfants Kir et Eva, Alex(andre) a quitté en train leur résidence en ville pour passer quelques temps dans la vieille et rustique maison de ses parents où il n'est pas venu depuis douze ans. Après s'être installée, la famille part à la découverte des alentours. Le soir, le dîner achevé et les enfants couchés, le couple se retrouve sur la terrasse. Vera confesse alors soudainement attendre un enfant dont Alex n'est pas le père. Celui-ci, à la fois ébranlé et furieux, part en direction de la gare. Il demande par téléphone à son frère Mark de le retrouver en ville pour lui parler et emprunte pour s'y rendre le véhicule de Max, le fils de Georgi. Mais sur la route, Alex renonce finalement à cette rencontre et fait demi-tour.
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Affirmer que ce long (deux heures trente) métrage surexploite le roman qui l'inspire n'a rien d'indécent. Ce qui était sensé n'être qu'une mélo-dramatisation du double mariage (et divorce !) de l'écrivain avec Carol Grace Marcus devient sous la plume des scénaristes et à travers la caméra d'Andrei Zvyagintsev une sorte de tragédie grecque fatal(ist)e, aux enjeux et à la finalité parfois incertains. La composition visuelle et le soin du cadre restent, certes, le plus souvent admirables, mais cet évident souci esthétique semble devenir primordial au détriment d'un matériau narratif il est vrai un peu anémique. Une impression renforcée par la grandiloquente bande musicale sur laquelle repose une grande partie de la tonalité pathétique du film.
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*"Prix Pulitzer" 1940 (refusé) pour le drame "The Time of Your Life" et "Oscar" 1944 du meilleur scénario original pour The Human Comedy réalisé par Clarence Brown. Saroyan est aussi le père de Lucy Saroyan que l'on peut apercevoir notamment aux côtés de son beau-père Walter Matthau dans The Taking of Pelham One Two Three et dans l'épisode Old Fashioned Murder de la série Columbo.



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