vendredi 19 septembre 2008

J'ai toujours rêvé d'être un gangster


"Ben heureusement que j'ai pas le sommeil trop lourd !"

L'ambition affichée par Samuel Benchetrit pour son second long métrage était simple : produire un film doté d'un budget modeste dans l'esprit, si possible, des comédies dramatiques réalisées par Dino Risi ou par Mario Monicelli à la fin des années 1950. En quatre épisodes et un épilogue* nostalgiques, voire mélancoliques, gentiment parodiques et décalés, J'ai toujours rêvé d'être un gangster (au titre scorsésien, cf Goodfellas) rend surtout un hommage appuyé et souvent drôle aux infortunés, aux seconds couteaux, aux aînés et autres laissés-pour-compte. Présenté en janvier 2008 au 24e Sundance Film Festival, il y recevait le tout premier "World Cinema Screenwriting Award" de la manifestation sise en Utah.
1. Un braqueur minable et maladroit, ayant tenté en vain de dérober la caisse d'une cafétéria installée sur la Nationale 17, fait la connaissance de la serveuse embauchée deux jours plus tôt dans des circonstances inhabituelles. 2. Deux individus un peu gaffeurs entrent par effraction dans la chambre d'une jeune fille, à peine remise de l'échec de son suicide par pendaison, pour la kidnapper. 3. Alain Bashung retrouve par hasard son vieux pote Arno dans les toilettes de la cafétéria sus-mentionnée. Les deux hommes trouvent le temps de prendre un verre ensemble. 4. Quatre anciens gangsters septuagénaires débarquent dans la chambre d'hôpital de leur ancien complice pour l'éliminer et le conduire dans la planque au milieu d'une forêt qu'ils utilisaient trente ans auparavant.
Cette série de courts métrages, unis par leur thème principal et se donnant co-incidemment rendez-vous sur le parking de la même cafétéria, ne manque assurément pas de charme, triste et poétique. J'ai toujours rêvé... s'inscrit quelque part entre les comédies populaires, gangstériennes et audiarisées de Lautner et les délires utopiques grolandais du duo Delépine-de Kervern plutôt que sous l'influence de l'humour noir des frères Coen (Fargo) ou d'un Woody Allen (Take the Money and Run). Malgré sa construction segmentée, le film réussit à conserver une unité à la fois tonale et formelle. Un peu truqueur, Samuel Benchetrit ne se laisse fort heureusement jamais gagner par la facilité ou l'artifice, un a priori que pourrait notamment faire naître le choix d'une distribution compilatoire et hétéroclite. Il y exprime davantage son amour du cinéma (avec quelques clins d'œil au slapstick, au roman-photo et aux séries B) et surtout des gens ordinaires, égarés au milieu d'une solitude suburbaine déshumanisée, désertique, presque fantomatique.
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*1. Drew Barrymore fait penser à un hamburger - 2. Pourquoi tu veux mourir, petite ? - 3. Oh, Gaby ! - 4. C'est fou comme tout change ! - Epilogue. On se connaît, non ?

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