mardi 19 août 2008

The Browning Version (l'ombre d'un homme)


"Que d'histoires pour un petit livre !"

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Septième de dix collaborations d'Anthony Asquith avec le scénariste Terence Rattigan Mervyn, The Browning Version est aussi la troisième adaptation du réalisateur d'une pièce du dramaturge d'origine irlandaise. Créé en septembre 1948 au Phoenix Theatre de Londres, ce drame en milieu scolaire rappelle sans l'égaler l'excellent Goodbye, Mr. Chips* de Sam Wood. Sélectionné au Festival de Cannes en 1951, le film y obtenait le prix du scénario et permettait à Michael Redgrave d'être récompensé par une "Palme" avant de recevoir, deux mois plus tard, un "Ours de bronze" berlinois du meilleur drame.
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Professeur de langues anciennes, Andrew Crocker-Harris doit quitter pour raison de santé le collège où il enseigne depuis dix-huit ans. Raillé et déprécié par ses élèves, méprisé et même trompé par sa jeune épouse Millie avec son collègue en sciences Frank Hunter, l'ancien passionné de littérature grecque donne devant l'inexpérimenté remplaçant Gilbert son dernier cours à une classe de seconde ravie du départ de cet enseignant austère, exigeant et strict. Seul Taplow, auquel il donne des leçons particulières, essaie de montrer un peu sympathie à son égard et de le défendre sans réelle conviction auprès de ses camarades. Conscient de l'échec de sa vie, professionnelle et privée, Crocker-Harris ne réussit pourtant pas à trouver la force de finir sa carrière et partir en donnant une bonne impression à ses élèves et confrères. Son accablement et son amertume sont bientôt renforcés lorsque le directeur de l'établissement lui annonce le refus d'une pension dérogatoire et lui demande de prononcer son discours d'adieu avant celui de son jeune et charismatique collègue Fletcher, apprécié notamment pour son talent au cricket.
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Véritable antithèse du Dead Poets Society de Peter Weir, The Browning Version apparaît à la fois comme un drame psychologique et une étude de mœurs. Tourné dans les studios de Pinewood (et accessoirement à l'école de garçons située à Sherborne dans le Dorset), il s'agit essentiellement d'un film de dialogues, ayant conservé une bonne part de sa théâtralité originelle. L'allongement de la scène finale ainsi que le bref échange consécutif entre Crocker-Harris et Taplow sont les seules modifications significatives apportées par Terence Rattigan à sa pièce en un acte. La judicieuse réalisation d'Anthony Asquith, soutenue par la photographie de Desmond Dickinson (chef-opérateur de Laurence Olivier sur Hamlet), renforce d'ailleurs le caractère claustrophobique de cette douloureuse exploration de l'échec. Belle interprétation de Michael Redgrave, déjà tête d'affiche de The Way to the Stars, dans un rôle difficile juste après celui, non moins délicat, tenu dans Secret Beyond the Door... pour Fritz Lang. L'ancien enseignant y retrouvait Jean Kent, sa partenaire de The Man Within et toute récente vedette féminine de The Woman in Question d'Asquith. En 1993, Mike Figgis, enthousiasmé par The Browning Version, obtint de Ridley Scott détenteur des droits d'adaptation d'en faire un remake avec Albert Finney dans le rôle principal..
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*une allusion à la production MGM est d'ailleurs faite au début du film.

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