vendredi 8 août 2008

Charlie Wilson's War (la guerre selon charlie wilson)


"... Let's assume it's 'cause I'm very good at this."

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Qui restera dans l'histoire comme le principal artisan de la fin de la première guerre en Afghanistan* ? La résistance moudjahid armée "secrètement" par les Etats-Unis sous les présidences Carter et Reagan ou le "Prix Nobel de la paix" 1990 Mikhaïl Gorbatchev, devenu secrétaire général du PCUS en mars 1985, partisan de la détente et du désarmement pour sauver l'économie de son pays ? Les manuels d'Outre-Atlantique et Hollywood ont pour leur part tranché. Charlie Wilson's War attribue même l'essentiel de ce phénoménal exploit géopolitique à un obscur député démocrate de la deuxième circonscription du Texas. Inspiré d'une histoire vraie racontée dans son ouvrage éponyme par le journaliste de CBS News George Crile décédé il y a deux ans, l'actuel dernier film de Mike Nichols reposait également sur un trio d'acteurs encore inédit.
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6 avril 1980. Buveur de whisky impénitent appréciant la compagnie de jolies femmes, le député Charlie Wilson découvre par hasard, au cours d'une soirée licencieuse à Las Vegas, un reportage de Dan Ratger sur le combat inégal mené par les moudjahidin d'Afghanistan contre les troupes d'invasion soviétiques. De retour à la Chambre des représentants, il fait aussitôt doubler le très modeste budget de la sous-commission à la défense du Congrès à laquelle il siège destiné à financer les opérations secrètes contre les communistes. A la demande de son amie et riche mandante Joanne Herring, fervente militante anticommuniste et chrétienne, qui l'a invité à assister à une projection pour lever des fonds au profit de la résistance afghane, Wilson rencontre bientôt à Islâmâbâd le président Muhammad Zia-ul-Haq. La visite d'un camps de réfugiés à Peshawar le convainc d'intensifier l'effort financier à destination des combattants afghans et de leur donner les moyens de détruire les hélicoptères et tanks ennemis. Pour cela, il est amené à collaborer avec Gust Avrakotos, un agent de la C.I.A. mis sur la touche par sa direction.
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Les dessous de la politique alimentent régulièrement les scénarii du cinéma US. Avec plus ou moins de bonheur. Three Kings de David O. Russell ou Syriana de Stephen Gaghan figurent parmi les productions significatives de ces dernières années. La difficulté du genre consistant à séduire un public plus large que celui des amateurs de documentaires. Adaptateur précédemment de Primary Colors avec Elaine May, Mike Nichols la surmonte ici avec une certaine aisance. L'intéressant récit sur ce tardif et inusité héros prend en effet, sous sa direction et sous la plume d'Aaron Sorkin (The West Wing auquel le script fait allusion au début du film), une plaisante dimension de comédie dramatique plutôt enlevée et aux dialogues souvent savoureux. Négligé dans le livre de George Crile, Charlie Wilson's War fait aussi brièvement allusion aux funestes conséquences de l'Opération Cyclone initiée dès 1979 par le président Jimmy Carter. Le réalisateur et ancien élève de Lee Strasberg y retrouve, après Closer, la désormais rare Julia Roberts aux côtés, pour la première fois, du solide (en particulier dans ce registre) Tom Hanks et d'un excellent Philip Seymour Hoffman, nommé dans plusieurs cérémonies de prix et pour la seconde fois aux Academy Awards.
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*échec militaire généralement considéré comme l'amorce de l'effondrement du bloc soviétique.

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