mardi 1 juillet 2008

No Room for the Groom


"Il faut plus qu'une cérémonie pour se marier. Surtout avec Lee."

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Absente de l'Intégrale Sirk organisée à la Cinémathèque française en novembre 2005, cette courte comédie romantique ne manque pourtant pas d'intérêt. Elle n'est pas la première du genre pour le réalisateur puisque, depuis son entrée dans le giron Universal, il a déjà tourné The Lady Pays Off interprété par la belle Texane Linda Darnell et Week-End with Father avec le couple Van Heflin-Patricia Neal. C'est d'ailleurs avec le scénariste de cette dernière production, Joseph Hoffman, qu'il adapte le roman "My True Love" de Darwin L. Teilhet, un auteur publié par la fameuse "Série noire" également connu pour avoir inspiré The Fearmakers de Jacques Tourneur. Vedettes de No Room for the Groom, Tony Curtis et Piper Laurie avaient, l'année précédente, partagé l'affiche de The Prince Who Was a Thief de Rudolph Maté.
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Quarante-huit heures avant d'être mobilisé, Alvah Morrell emmène sa fiancée Lee Kingshead à Las Vegas pour l'épouser. Mais la nuit de noce doit être différée car le jeune marié, soudainement atteint de la varicelle, est hospitalisé d'urgence. Après dix mois sous les drapeaux, Alvah ayant obtenu une permission d'une semaine, retourne chez lui à Suttersville où il espère enfin retrouver et pouvoir passer un peu temps avec sa femme. Il découvre sa grande demeure familiale, sise au milieu des vignobles, envahie par une quinzaine de parents plus ou moins éloignés des Kingshead, aimablement invités par la mère de Lee. La plupart d'entre eux sont employés par la cimenterie Strouple en pleine expansion grâce aux commandes publiques. Herman, le patron de l'entreprise qui convoite ouvertement Lee avec les encouragements de Mrs. Kingshead, a aussi engagé la jeune femme comme secrétaire personnelle. Alvah apprend surtout également que Lee n'a pas encore annoncé son mariage à sa mère afin de ménager le cœur prétendument malade de la vieille femme hostile à une telle union.
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Difficile de mesurer le degré d'implication réelle de Douglas Sirk dans ce film. Pourtant, même si No Room for the Groom n'avait été qu'une production de commande, le futur maître du mélodrame hollywoodien ne semble paa avoir négligé sa contribution à cet évident véhicule au service du jeune premier du studio, Tony Curtis, bien au contraire. On découvre au contraire chez le réalisateur surnommé par un critique Epistemologist of Despair une certain adresse dans la mise en scène de comédie. Derrière l'intrigue familio-sentimentale, ce sont probablement les enjeux moraux et sociaux du scénario qui l'ont intéressé, avec une opposition frontale entre un industriel affairiste sans racines et un viticulteur attaché à la terre et aux traditions. L'influence du climat politique, dominé par la "chasse aux sorcières"*, est aussi nettement perceptible. Alors en pleine ascension, Tony Curtis, qui interprétait la même année le boxer sourd Paul Callan dans la drame Flesh and Fury et tenait le rôle-titre dans Son of Ali Baba aux côtés également de Piper Laurie, confirme ses qualités comiques (entrevues auparavant chez Jerry Lewis). Belle prestation de sa jeune partenaire aux origines polono-russes, future mère de Carrie et second rôle de la série Twin Peaks, que l'acteur natif du Bronx retrouvera une quatrième et ultime fois dans Johnny Dark de George Sherman. A noter enfin la présence de Spring Byington (Dodsworth, You Can't Take It with You), de Lillian Bronson (Sleep, My Love de Sirk) et la première apparition à l'écran de Fess Parker dont le visage est resté celui de Davy Crockett puis de Daniel Boone pour des millions de (télé)spectateurs étasuniens.
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*renforcée dès 1951, puisqu'il n'est plus besoin pour l'administration d'apporter des preuves sur la déloyauté d'un fonctionnaire, de simples doutes peuvent justifier la révocation de l'agent.

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