mardi 1 juillet 2008

Has Anybody Seen My Gal? (qui donc a vu ma belle ?)


"... Et seuls les braves vivent avec certaines belles."

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Sorti moins d'un mois après No Room for the Groom, Has Anybody Seen My Gal? est tiré d'une histoire originale d'Eleanor H. Porter (écrivain décédée en 1920 dont l'ouvrage le plus connu demeure sans conteste Pollyanna). Premier film en couleur de Douglas Sirk, cette comédie dramatique légère, aux accents sentimentaux, sociaux et musicaux, annonce par bien des aspects la très remarquable série de mélodrames, initiée en 1953 avec All I Desire, réalisée par le cinéaste immigré pour le studio Universal. Elle marque aussi le début de sa collaboration avec Rock Hudson, à l'affiche de quatre autres films* cette année-là.
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Tarrytown (New York), fin des années 1920. Samuel G. Fulton, hypocondriaque se croyant à l'article de la mort, a décidé de léguer ses biens aux descendants de la défunte Millicent Blaisdell, une jeune femme qui avait refusé de l'épouser et, incidemment, à l'origine de son immense fortune faite dans la pétrole. Son médecin traitant lui conseille, avant de sceller le testament, de retourner à Hilverton pour connaître les bénéficiaires. Fulton y rencontre fortuitement Millie, la petite-fille Blaisdell, Charles son père modeste pharmacien dont la boutique fait aussi bar derrière lequel se tient Dan, le bon ami de la jeune femme, et Howard, le frère de celle-ci. Grâce à la ruse, le testateur réussit à louer, sous le nom de John Smith, une chambre chez les Blaisdell où il fait la connaissance du reste de la famille, Harriet l'épouse, Roberta la charmante cadette et Ponny le chien. Mrs. Blaisdell désapprouve la relation entre Millie et Dan et insiste pour que sa fille sorte avec Carl, l'héritier de la riche coupe Pennock. Peu après, les Blaisdell reçoivent chez eux le représentant d'une personne désirant rester anonyme porteur d'un chèque à leur ordre de cent mille dollars.
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"This is a story about money. Remember it?" Cette phrase préliminaire fixe dès le générique d'ouverture les intentions réelles d'un film dont le titre, inspiré d'une chanson populaire des années 1920, semble chercher à faire diversion. Has Anybody Seen My Gal? apparaît comme une fable, un peu dans la lignée de celles qui ont bâti la célébrité des excellents Ernst Lubitsch et Frank Capra, illustrant les triviaux dictions "l'argent ne fait pas le bonheur" et "si jeunesse savait, si vieillesse pouvait". Ce qu'il y a d'intéressant dans le film de Douglas Sirk, et d'ailleurs dans la plupart de ceux qu'il a signé, c'est l'influence presque indéfectible des conventions sociales, le poids des valeurs matérielles sur la société (des petites villes provinciales) étasunienne. Ils façonnent la psychologie des personnages, fixent l'étendu des possibles, davantage encore leurs limites. L'alternative entre richesse et bonheur proposée par le scénario apparaît évidemment réductrice, elle n'en demeure pas moins savoureuse et adroitement percutante. Outre la finesse de son don d'observation des mœurs, le cinéaste met déjà en évidence, de manière frappante, son sens du rythme et son réel talent de coloriste. Véritable personnage central de cette comédie humaine, Charles Coburn (Heaven Can Wait) semble parfaitement à son aise, entouré notamment de Piper Laurie (sa partenaire ainsi que Spring Byington dans Louisa), Rock Hudson relativement peu présent à l'écran et la formidable jeune Gigi Perreau dans son troisième et pénultième rôle chez Sirk.
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