dimanche 1 juin 2008

In the Valley of Elah (dans la vallée d'elah)


"First thing David had to fight was his own fear."

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Les Etats-Unis n'apprécient pas d'être photographiés sous leur mauvais profil. Pour preuve, l'accueil réservé* là-bas au troisième film du bi-oscarisé Paul Haggis. In the Valley of Elah s'inspire pourtant d'une histoire véridique, celle du soldat Richard Davis révélée en mai 2004 par Mark Boal dans un article intitulé "Death and Dishonor" paru dans le magazine "Playboy". La réputée plus grande démocratie et puissance militaire de la planète (comme d'ailleurs la plupart de ses alliés) ne sait visiblement pas gérer les conséquences des conflits dans lesquels, à tort ou à raison, elle s'engage, notamment ces PTSD (Post Traumatic Stress Disorder) qui ont alimenté nombre de scénarii hollywoodiens ou indépendants avant celui-ci. Sélectionné à la 64e Mostra Venise, In the Valley of Elah y était en compétition avec le docu-fiction Redacted de Brian De Palma, lui aussi consacré à la guerre en Irak, pour le "Lion d'or" 2007.
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Munro (Tennessee), 1er novembre 2004. Par un coup de téléphone matinal, Hank Deerfield apprend le retour d'Irak, quatre jours plus tôt, de l'unité à laquelle appartient son fils Mike et la récente absence inexpliquée de ce dernier. A la fois surpris de ne pas avoir été informé directement par son cadet, qu'il n'arrive pas à joindre, et inquiet par cette soudaine et potentielle désertion, l'ancien sergent de la police militaire reconverti en transporteur routier décide de se rendre à Fort Rudd (New Mexico), base du 107e régiment d'infanterie, pour essayer d'en savoir davantage et tenter de retrouver Mike. Il y croise Penning, Long, Ortiz et Bonner, des camarades du caporal Michael 'Doc' Deeffield et, autorisé par le sergent Carnelli à voir la chambre de son fils, y récupère discrètement le téléphone portable laissé par le disparu. Hank confie celui-ci à un jeune expert en informatique chargé d'en extraire les quelques films vidéo contenus dans l'appareil. Les premières recherches s'avérant peu fructueuses, le vétéran essaie, d'abord en vain, d'obtenir l'aide de la police civile de Bradford en la personne de l'inspecteur Emily Sanders. Les morceaux calcinés et dispersés d'un cadavre sont bientôt retrouvés sur Mesa Luna Rd. Mais l'enquête de police doit rapidement être interrompue car le terrain où a été faite cette macabre découverte appartient depuis deux mois à l'armée.
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Même s'il fut le succès que l'on sait, Crash dressait déjà un portrait assez peu flatteur des Etats-Unis dirigés alors par la première administration Bush. Mais le "meilleur film US de l'année 2005" recelait suffisamment d'éléments positifs et de motifs d'espoir pour recevoir l'adhésion d'un large public. Avec le confortable renouvellement du mandat présidentiel et, ipso facto, de l'impasse liée à la présence militaire en Irak, les productions cinématographiques, fictions ou documentaires, sur le sujet se sont multipliées**. Après avoir abandonné un projet d'adaptation (repris par Redford), pour Columbia, d'Against all Enemies (Inside America's War on Terror - What Really Happened ), l'ouvrage critique publié en mars 2004 de Richard A. Clarke, ancien responsable de la cellule anti-terrorisme à la Maison Blanche, Paul Haggis retient donc le fait divers relaté par Mark Boal. Ce matériau narratif est très adroitement utilisé et mis en scène, le scénariste-réalisateur réussissant en particulier à lui donner une dimension quasi tragique et une portée plus large. On retrouve à nouveau ici cette collision entre apparence et réalité qui caractérisait déjà la précédent film et semble être un des motifs essentiels du cinéaste. In the Valley of Elah , dominé par la forte prestation de Tommy Lee Jones, qui aurait pu (dû !) lui valoir un "Oscar" (dans un rôle initialement destiné à Clint Eastwood avec lequel Haggis a collaboré à plusieurs reprises et qui l'a aidé à monter son projet) et celle, également solide, de Charlize Theron, restera un saisissant (et symbolique) appel intérieur de détresse d'une nation qui, prétendument pour se protéger et/ou sauver le monde, n'hésite pas à sacrifier ses propres "enfants".
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*les recettes domestiques de cette production Warner n'ont pas dépassé 6,7M$ (auxquelles s'ajoutent les 20,8M$ réalisés à l'étranger) ; le film a disparu après deux semaines dans le top ten du box-office français, n'attirant que 333 000 spectateurs.''
**outre le film déjà cité pour lequel De Palma a reçu un "Lion d'argent", mentionnons notamment Why We Fight, The War Tapes, Lions for Lambs 2007, Battle for Haditha, Grace is Gone, Stop-Loss ou encore The Hurt Locker.

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