jeudi 1 mai 2008

Milyang (secret sunshine)


"... Comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensé."

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Libéré de ses brèves obligations ministérielles*, Lee Chang-dong pouvait enfin s'atteler à la réalisation de son quatrième film dont il avait commencé d'écrire le scénario dès la fin de la production du précédent. Librement inspiré d'une nouvelle de Lee Chung-joon publiée en 1985 et lue peu après par l'ancien romancier, Milyang confirme l'orientation narratif et stylistique adoptée par le cinéaste, celui de sujets difficiles inscrits dans la réalité contemporaine de la Corée. Après Venise où Oasis était notamment sélectionné, Milyang donnait à Lee Chang-dong l'occasion de retourner à Cannes, permettant à Jeon Do-yeon d'y obtenir le prix d'interprétation féminine.
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Lee Shin-ae a quitté Séoul pour aller vivre avec son jeune fils Jun à Miryang, la petite ville natale de son défunt époux. Grâce au garagiste Kim Jong-chan appelé pour dépanner son véhicule sur route, elle trouve un appartement attenant à une boutique où elle prévoit de donner des cours de piano. Bien que dissuadé par Min-ki, le jeune frère de Shin-ae venu lui rendre visite, Jong-chan persiste à tenter de plaire à la jeune veuve. Une nuit, lorsqu'elle rentre d'une soirée avec des amies, Shin-ae constate la disparition de Jun et reçoit un appel du ravisseur de l'enfant réclamant une rançon qu'elle ne possède pas. Le corps du petit garçon est bientôt retrouvé. Brisée de douleur par ce nouveau malheur, Shin-ae accepte finalement de suivre le conseil de sa voisine pharmacienne à se rendre à une soirée de prières dans la paroisse dont elle est membre.
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Trois sentiments majeurs, au gré des trois actes qui composent le film, se succèdent en regardant Milyang : la circonspection, un certain désappointement et la surprise. La situation de départ crée spontanément une expectative et des évolutions qui seront prises presque systématiquement à contre-pied. Les deux inflexions suivantes, consécutives à l'inattendu second drame vécu par Lee Shin-ae, se répondent alors selon le classique procédé dialectique de la thèse et de l'antithèse. Fondé sur le deuil, la détresse, la foi et le pardon (divin et humain), le scénario, véritable trajet du ciel à la terre, intrigue davantage par sa démarche à la fois réaliste et conceptuelle, le récit semblant progressivement céder le pas à la description des évolutions de la conscience un peu à la manière d'un Lars Von Trier. Ame (souffrante) de Milyang, Jeon Do-yeon parvient à incarner, avec toutes ses extrémités mais sans pathos, le rôle délicat qui lui est confié.
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*Lee Chang-dong a été l'éphémère (février 2003 - mars 2004) ministre de la Culture de Corée du Sud au sein du premier gouvernement du président Roh Moo-hyun.




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