mercredi 2 avril 2008

Nihon dasshutsu (évasion du japon)


"J'ai souvent été trompée moi aussi."

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S'il est un genre où l'on attendait pas Yoshishige Yoshida, c'est bien le film de gangster. Rokudenashi possédait quelques faux airs de film noir, mais il le devait davantage à la photographie de Toichiro Narushima qu'à son intrigue. Le yakuza eiga rencontre, il est vrai, à cette époque un grand succès public, un motif suffisant pour inciter la Shochiku à demander au cinéaste de réaliser un film d'action. Yoshida accepte ce projet moyennant deux conditions : écrire le scénario et le tourner "selon ses propres critères" (i.e. "action métaphysique"). L'excessive audace (excentricité) de Nihon dasshutsu indisposa fortement le studio. Elle retira la dernière bobine* du montage final, consommant ainsi la rupture avec son artiste.
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Servile homme à tout faire d'un gang propriétaire d'un club de jazz, Tatsuo Ihara rêve de partir en Amérique pour y devenir chanteur. Ce soir là, le caïd Takashi qu'il vénère, tout juste sorti d'une longue période d'hospitalisation, lui demande de lui prêter sa chambre pour y emmener Yasue, une jeune admiratrice. Avec l'aide de la jeune femme et celle forcée de Tatsuo, Takashi et un complice organisent le vol de l'établissement de bains où elle est employée. Mais une violente sirène se déclenche au moment de l'ouverture du second coffre et le trio masculin doit s'enfuir précipitamment en voiture. Un agent de police, tentant de les arrêter, est percuté puis abattu d'une balle de revolver. Craignant que Yasue, venu les rejoindre dans leur planque, ne finisse par les dénoncer, les deux criminels décident, malgré l'énergique mais inoffensive opposition de Tatsuo, de l'éliminer.
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Sorti trois mois avant l'ouverture des Jeux de la XVIIIe Olympiade, événement qui sert aussi de principal repère temporel au film, Nihon dasshutsu semble ne concourir dans aucune discipline cinématographique. Peut-être expérimental comme les compositions de Tôru Takemitsu qui l'illustrent partiellement, erratique assurément, il déroute sans intriguer ni séduire. Hystérique dans sa première partie, halluciné dans la seconde, le film dissout progressivement le squelettique matériau narrative sur lequel il repose par ses approximations qui ressemblent parfois à de l'improvisation. Dans le domaine de l'insolite, il n'est pas difficile de lui préférer le remarquable et autrement percutant Kawaita hana de Masahiro Shinoda, également à l'affiche en 1964.
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*dans laquelle un jeune homme devenait fou.

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