vendredi 21 mars 2008

Kai (la proie de l'homme)


"Plus rien ne m'étonne chez lui."

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Publié à compte d'auteur en 1971 avant d'être récompensé par le "Prix Daizan", "Kai" apparaît d'emblée comme l'ouvrage le plus personnel de Tomiko Miyao. Le personnage central de ce troisième drame familial adapté par Hideo Gosha possède en effet quelques manifestes points communs avec l'ancienne institutrice de Kochi, divorcée en 1963. La place et le rôle de la femme au sein de la cellule familiale et, plus largement, dans la société japonaise sont au cœur du scénario de Kai au titre plutôt énigmatique*. Le film est aussi le seul tourné par Gosha avec Yukiyo Toake, la partenaire de Shintarô Katsu dans le dernier volet de la saga Zatôichi et, deux ans auparavant, de Ken Ogata et Masako Natsume dans Gyoei no mure de Shinji Sômai.
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Koichi, au début de l'été 1914. De retour d'un voyage d'affaires, Iwago Tomita retrouve sa famille accompagné d'une petite fille crasseuse. Le zegen (découvreur et "placeur" de précoces talents féminins) a acheté Kiku pour dix yens, sur le port de Kobé, initialement destinée à être vendue comme matière première à l'industrie pharmaceutique chinoise. Kiku est confiée aux bons soins de son épouse Kiwa, mère deux jeunes garçons Ryu et Ken. Après l'acquisition auprès de sa mère misérable et malade de la jeune Toyo, appelée à rejoindre la maison de geishas tenue par Daisada, Iwago est encouragé par Kiwa à abandonner son activité. Douze ans ont passé au cours desquels la proximité entre Kiku et Kiwa d'une part, le frêle Ryu d'autre part s'est renforcée. Toyo est devenue la geisha la plus célèbre de Daisada sous le nom de Soméyu. Iwago décide de se lancer dans la production d'un spectacle de la chanteuse Tomokichi sans l'approbation préalable du parrain local Tanigawa.
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Jusqu'en 1945 et les effets de l'influence occidentale, le foyer nippon se caractérisait par la figure tutélaire du père qui y exerçait un pouvoir presque absolu. La mise en scène d'une femme tiraillée entre la traditionnelle docilité quasi instrumentale et une impérieuse volonté d'insoumission, sorte d'émancipation anticipée, constitue une des particularités du roman de Tomiko Miyao et de son adaptation cinématographique. Cette singularité est d'ailleurs étayée par les nombreux indices qui mettent en évidence l'authentique lien amoureux unissant le couple sur lequel repose le récit. Plus que l'intrigue mafieuse secondaire, c'est bien l'épineux et dense tissu de relations façonné sur presque un quart de siècle qui domine le film et suscite notre intérêt. Kai possède une véritable ampleur tragique, notamment grâce à l'interprétation de Yukiyo Toake (tête d'affiche du Hana ichimonme de Shunya Ito la même année), la fille de l'acteur Hisao Toake.
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trad. littér. : "aviron"

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