lundi 25 février 2008

Topaze


"Il faut trouver un homme qui fasse à la manière d'autrefois des affaires d'aujourd'hui !"

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Comédie satirique en quatre actes, "Topaze" est créé à Berlin avant d'être monté en octobre 1928 au Théâtre des Variétés de Paris avec André Lefaur dans le rôle-titre. Au cours de la décennie suivante, la pièce fait l'objet de trois adaptations, en 1933 par Louis J. Gasnier avec Louis Jouvet et par Harry d'Abbadie d'Arrast (ex-assistant de Chaplin) pour RKO Radio Pictures avec John Barrymore suivies en 1936 par une première version signée par son auteur Marcel Pagnol, avec Arnaudy, son interprète de Cigalon l'année précédente. Antépénultième réalisation pour le cinéma du nouvel Académicien (élu le 4 avril 1946), Topaze est aussi le dernier des cinq films (sept en tant que scénariste) tournés par l'Aubagnais avec le Marseillais Fernandel.
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Modeste mais estimé enseignant de la pension Muche, Albert Topaze fait preuve avec conviction des mêmes moralité et probité qu'il s'efforce d'inculquer à ses élèves. Ernestine, la fille du directeur de cette école privée, profite des sentiments qu'il a en vain pour elle en le chargeant régulièrement de la correction de ses copies. M. Muche, accompagné de la baronne Pitard-Vergniolles, interrompt ce matin-là la classe de Topaze. Cette mère de trois des pensionnaires de l'école exige en effet de celui-ci qu'il réévalue les mauvaises notes figurant sur le dernier relevé de l'un de ses fils. Niant l'existence d'une hypothétique erreur, Topaze refuse cette modification, provocant la colère de la baronne et la décision de son renvoi immédiat de la part du chef d'établissement. L'activité de l'intègre professeur se résume donc désormais aux cours particuliers donnés à Gaston, le neveu de Suzy Courtois, séduisante demi-mondaine associée à la vie et aux concussions de l'affairiste conseiller municipal Régis Castel-Vernac. Refusant les nouvelles exigences financières de son habituel prête-nom, ce dernier décide, sur le conseil de sa maîtresse, de le remplacer par Topaze pour la signature d'une très profitable soumission de balayeuses automatiques.
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Si elle visait, à l'origine, à dénoncer les politiciens "tripoteurs" de la IIIe République*, la pièce de Marcel Pagnol reste, hélas, toujours d'actualité. Notons au passage qu'elle précédait également le funeste krach financier de 1929 qui allait plonger l'économie mondiale dans une crise profonde, accroître durablement la pauvreté et modifier de manière significative l'image et les vertus du capitalisme. Contrairement au cristal homonyme, le héros de cette étude de mœurs démontre en effet qu'il n'y a rien d'inaltérable. Pagnol, lui-même ancien répétiteur puis professeur-adjoint, fait ici preuve d'une ironie mordante en mettant en scène la surprenante métamorphose de cet avocat déterminé de l'honnêteté et du scrupule en apôtre cynique de l'argent-roi et du pouvoir considérable, notamment de corruption, qu'il octroie. L'interprétation de Fernandel, souvent titulaire de rôles de doux ingénu, gagne pour cette raison en force et pertinence. Belle prestation d'Hélène Perdrière, partenaire avant-guerre de Jean Gabin dans la production étasunienne La Foule hurle, de Jacques Morel, acteur de soutien la même année dans Le Dindon de Claude Barma adapté de la pièce de Feydeau, en compagnie de Pierre Larquey, lequel reprenait, tout comme Marcel Vallée, son personnage tenu dans la version de Louis J. Gasnier.
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*marquée notamment par les scandales de Panamá, des décorations et par l'affaire Stavisky, postérieure à la rédaction de la pièce.

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