lundi 4 février 2008

Last Exit to Brooklyn (dernière sortie pour brooklyn)


"On ne va laisser personne s'en tirer."

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Le premier roman de Hubert Selby Jr., écrivain par accident, eut à sa sortie en 1964 un très grand retentissement. Encensé aussi bien que rejeté pour sa violence et sa noirceur, "Last Exit to Brooklyn" fut interdit pour obscénité en Angleterre et dans plusieurs Etats américains. Cette réputation notoirement sulfureuse suscita plusieurs projets d'adaptation cinématographiques* qui, pour diverses raisons, ne purent aboutir. Une co-production voyait finalement le jour à la fin des années 1980 sous la houlette du producteur allemand Bernd Eichinger. La réalisation était alors confiée à son compatriote Ulrich Edel dont il avait financé le précédent et premier long métrage de cinéma, le drame Christiane F., Wir Kinder vom Bahnhof Zoo. Tourné pour l'essentiel in situ (le quartier de Red Hook) et accessoirement dans des studios bavarois, le film ainsi que son réalisateur furent récompensés en 1990 par les "Deutscher Filmpreis".
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Brooklyn, 1952. Alors que les piquets de grève paralysent depuis près d'un semestre l'usine métallurgique Brickman de l'un des quartiers sordides de la circonscription, la bande de mauvais garçons autour de Vinnie détrousse, avec la complicité de la prostituée 'Tralala', les jeunes troufions qui s'y hasardent. Le permanent syndical Harry Black, grâce au témoignage duquel ses membres évitent une arrestation, délaisse quant à lui femme et nourrisson lorsqu'il découvre soudainement ses pulsions homosexuelles, attiré cette nuit-là par Georgette, un admirateur éperdu de Vinnie. De son côté, l'ouvrier 'Big' Joe décide tardivement de corriger Tommy, le séducteur de sa fille aînée Donna enceinte de six mois tandis que son fils 'Spook', secrètement amoureux de 'Tralala', économise pour s'offrir une moto.
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"Saisir le sens de l'œuvre de Selby, c'est comprendre l'angoisse de l'Amérique" ("New York Times"). S'il conserve une partie de la force dramatique originelle, le scénario de Last Exit to Brooklyn, qui opère une (inévitable ?) réduction à partir des six nouvelles constituant l'ouvrage éponyme, ne possède pas l'originalité, véritable rupture narrative et surtout expressive de celui-ci. Cette "capacité à humaniser l'inhumanité apparente" (et inversement !) comme le soulignait Richard Price à propos de l'auteur de Requiem for a Dream ne frappe évidemment pas autant dans le film d'Uli Edel. L'ancien assistant de Douglas Sirk parvient néanmoins en partie à traduire la noirceur et la complexité psychologique du roman où se mêlent et s'opposent sacralisation et profanation, foi et désespoir, amour, simulé ou réel, et brutalité. Le casting de Last Exit to Brooklyn constitue l'un de ses indéniables atouts, en particulier grâce aux interprétations de Jennifer Jason Leigh et du comédien Stephen Lang. A noter la présence de Sam Rockwell, d'Alexis Arquette dans son premier rôle au cinéma, l'apparition de Hubert Selby Jr. et enfin le score de Mark Knopfler (assez nettement influencé par l'"étude op. 10 en mi majeur" de Frédéric Chopin)
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*envisagés successivement par Stanley Kubrick, Brian De Palma, Ralph Bakshi associé à Steve Krantz et Hubert Selby Jr. avec Robert De Niro dans le rôle d'Harry.

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