dimanche 17 février 2008

Glengarry Glen Ross (glengarry)


"How do you know I made it up?"

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Entre 1982 et 1986, après avoir signé ses deux premiers scénarii adaptés pour le cinéma, David Mamet reprend son travail d'écriture de pièces débuté en 1970 avec "Lakeboat". Comme celle-ci, Glengarry Glen Ross s'inspire de la propre expérience professionnelle du dramaturge à la fin des années 1960. Montée en première mondiale au National Theatre de Londres en septembre 1983, elle fut reprise quelques mois plus tard à Chicago puis à Broadway, récompensée par le "Prix Pulitzer" du drame 1984 avant d'être portée à l'écran par le New-yorkais James Foley. Sélectionné en septembre 1992 au Festival du film américain de Deauville et à la Mostra, Glengarry Glen Ross valut à Jack Lemmon une "Coppa Volpi" du meilleur acteur.
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Trois des quatre commerciaux de l'agence immobilière Premiere Properties quittent le bar où ils ont leurs habitudes pour se rendre sans conviction, de l'autre côté de la rue, à une réunion de ventes organisée par leur directeur John Williamson. Pendant que Richard 'Ricky' Roma, l'actuel meilleur vendeur de la société, tente de ferrer un client du bar, Shelley 'the Machine' Levene, George Aaronow et Dave Moss sont vigoureusement tancés par Blake, un jeune cadre infatué et arrogant envoyé pour cela par la maison-mère Mitch & Murray. Celui-ci leur reproche leur incapacité à conclure des affaires et menace les moins performants de licenciement. Après cette humiliante admonestation, Moss, déjà passablement remonté contre son employeur, imagine et essaie de convaincre l'effacé Aaronow de dérober le nouveau et prometteur fichier "Glengarry" pour le vendre au concurrent Jerry Graff. Le quinquagénaire Levene, qui travers une mauvaise passe professionnelle et dont la fille est hospitalisée, se plaint de la mauvaise qualité des informations de prospection et essaie d'obtenir de la part de Williamson un échantillon du fichier "Glengarry".
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Cette adaptation cinématographique reste assez fidèle à la théâtralité de l'œuvre originelle et s'affranchit assez peu des conventions dramatiques (unités de temps, de lieu et d'action) classiques. Le personnage de Blake constitue le seul ajout significatif à la pièce en deux actes. Film évidemment fondé sur les dialogues, Glengarry Glen Ross est sur ce plan particulièrement bien servi par la plume finement affûtée de David Mamet et par un casting inédit de tout premier plan. Très différent dans l'esprit et la tonalité aux multiples versions du Death of a Salesman* d'Arthur Miller, l'auteur stigmatise l'égoïsme exacerbé, le mensonge, l'âcreté et l'absence de toute moralité qui règne dans le monde du business. Concis mais dense, presque clinique, le scénario construit avec un sens du "jeu" et du rythme poussé dissèque littéralement la psychologie des cinq personnages tout à la fois principaux et secondaires. Comment ne pas se montrer superlatif lorsqu'il s'agit d'évoquer les interprétations individuelles et collectives de Jack Lemmon, d'Al Pacino, nommé aux "Oscars" 1993, d'Ed Harris, d'Alan Arkin, de Kevin Spacey, d'Alec Baldwin dont la fulgurante prestation dans le rôle de Blake écrit pour lui restera dans les annales, et de Jonathan Pryce ? On dit que même lorsqu'ils n'étaient pas concernés par la scène, les acteurs restaient sur le plateau pour profiter de la performance de leurs camarades.
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*pendant la production, les acteurs avaient réintitulé le film "Death of a Fuckin' Salesman" !

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