jeudi 17 janvier 2008

Coupable


"... Oui, tout est bizarre là-dedans."

 - film - 45400_23
Après l'inattendu Pourquoi (pas) le Brésil, Laetitia Masson renoue avec une narration plus classique tout en ménageant dans ce neuvième film (son sixième long métrage) quelques surprises et contre-pieds dont la cinéaste a le goût et le secret. Parmi ceux-ci, l'étonnant patronage de l'ancien professeur de philosophie Michel Onfray, fondateur de l'Université populaire de Caen et théoricien de l'hédonisme et de l'athéisme. Drame sentimental, aux accents parfois cocasses, qui se dissimule sous les apparences d'un polar, Coupable intrigue et ne laisse franchement pas indifférent, en particulier grâce au charme étrange (et charismatique !?) d'Hélène Fillières, l'actrice, quinze ans auparavant, d'un des premiers courts métrages de Laetitia Masson.
 - film - 45400_22
Jeune avocat stéphanois, Lucien Lambert est surtout sollicité pour de banales affaires de divorce. Son épouse Dolorès, qui s'essaie à l'apprentissage de création de parfums, lui reproche son manque de courage et d'ambition, les obligeant à vivre modestement ainsi que de ne plus lui témoigner beaucoup d'attention. L'aisé couple Kaplan traverse également une crise, la coquette et bigote Blanche coupant désormais l'appétit à son mari Paul avec Marguerite Marquet, leur cuisinière et domestique, pour témoin. On retrouve bientôt le corps du dirigeant d'entreprise poignardé dans le dos avec ce que l'on suppose être l'un des instruments de travail de Marguerite. Celle-ci, principal suspect, et la veuve du défunt sont interrogées par l'inspecteur de police Louis Berger chargé de l'enquête. Toutes deux possèdent un alibi. Aiguillonné par son frère, Lambert offre ses services à Blanche, installée dans un luxueux hôtel à proximité de chez elle. Puis il se rend nuitamment dans la très belle demeure des Kaplan où il surprend Marguerite. Le juriste et la jeune et fantasque trentenaire, souffrant de son célibat, ne savent pas encore qu'ils sont épiés par l'inspecteur Berger.
 - film - 45400_17
Comme dans les précédents films de Laetitia Masson, l'amour est encore au cœur de Coupable. Il apparaît cependant ici sous des traits sensiblement différents (la figure mythique de l'âme-sœur, le bonheur, l'engagement matrimonial, l'usure, la solitude), un thème(1) qui sous-tend la péripétie criminelle, prétexte à la rencontre, essentielle, de trois personnages à la fois "irresponsables et coupables"(2). De cette galerie de portraits insolites, intelligemment choisie, émerge la peu académique princesse de conte(3) déchue interprétée par Hélène Fillières, nouvelle héroïne massonienne emprisonnée dans le donjon de son imaginaire. Même si le scénario perd fugitivement un peu de sa fluidité au cours du dernier tiers du métrage, les dialogues et la réalisation sont maîtrisés, s'appuyant sur de solides acteurs et sur une photographie qui contribue à la jolie sophistication du film.
___
1. à l'origine également d'un amusant parallèle entre sexe et nourriture, fraîche ou congelée.
2. pour contrefaire une phrase ayant eu son heure... d'infamie !
3. dont Blanche serait le double inversé.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire