dimanche 4 novembre 2007

Magnificent Obsession (le secret magnifique)


"Demain... Demain."

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Deuxième adaptation* du premier roman de Lloyd Cassel Douglas publié en 1929, Magnificent Obsession est avant tout un superbe mélodrame, magnifié par le talent d'un expert, Douglas Sirk. Pour donner une résonance morale à son histoire sentimentale, l'auteur et pasteur luthérien s'est ouvertement inspiré du sixième chapitre de l'évangile selon Mathieu**. Mais ce n'est pas tant la dimension spirituelle sous-jacente que cet incroyable télescopage de deux destinées qui contribue à donner sa force au livre et au scénario du film. Un indéniable atout auquel il faut ajouter les interprétations de Jane Wyman, sélectionnée pour la quatrième et dernière fois aux "Oscars", et de Rock Hudson, dans son premier grand rôle et la troisième de ses huit collaborations avec le réalisateur.
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Sur le lac de Brightwood qu'il traverse à très haute vitesse avec son in-bord "Hurricane IV", Robert 'Bob' Merrick est victime d'un accident. Pour le ranimer, les secours ont emprunté l'appareil respiratoire appartenant au docteur Wayne Philipps, le patron de la clinique locale, sujet à de fréquents troubles cardiaques. Une attaque terrasse celui-ci au même moment et il décède peu après. La jeune veuve Philipps, sa belle-fille Joyce et son entourage reprochent au riche et oisif héritier, ancien étudiant en médecine, de la fortune de son père d'être indirectement responsable de la mort du généreux et apprécié praticien. Les différentes tentatives de Merrick pour se racheter aux yeux de Mrs. Philipps restent vaines. En rentrant d'une soirée trop arrosée, Merrick perd le contrôle de son véhicule et doit demander l'hospitalité à Edward Randolph qu'il a croisé dans le bureau d'Helen Philipps. Au petit-déjeuner, le peintre lui confie la magnifique obsession qui dirigeait l'existence de son défunt ami Wayne Philipps et dont il est devenu également l'adepte.
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Magnifique en effet, cette obsession humaniste à l'origine de l'émergence du côté positif de Bob Merrick. Les multiples rebondissements de cet émouvant drame en quatre actes ne nuisent en rien à la fluidité narrative du film. Et la finesse stylistique de Douglas Sirk parvient, avec bonheur, à atténuer sensiblement le message catéchistique et l'évident artifice du roman dont il est tiré. Dans la lignée des deux versions de The Dark Angel, Magnificent Obsession constitue d'ailleurs, sans nul doute, une des œuvres majeures du réalisateur né en Allemagne. Le choix de Jane Wyman pour le rôle d'Helen Philipps est particulièrement judicieux. La vedette de Johnny Belinda et de The Lost Weekend apporta un soutien important à son jeune partenaire Rock Hudson, probablement plus à l'aise dans le western qu'il venait de tourner avec Sirk, et qu'elle retrouvera l'année suivante pour All That Heaven Allows.
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*après celle de John M. Stahl sortie en 1935 avec Irene Dunne et Robert Taylor dans les rôles principaux.
**"Gardez-vous de pratiquer votre justice aux regards des hommes pour être vus d'eux ; autrement, vous n'avez pas de récompense auprès de votre Père qui est dans les cieux... Afin que ton aumône soit dans le secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra."

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