mardi 6 novembre 2007

All That Heaven Allows (tout ce que le ciel permet)


"Sois fidèle à toi-même."

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Fort du considérable succès rencontré par Magnificent Obsession, Universal décide rapidement de lancer une nouvelle production avec la même équipe. Douglas Sirk, qui a signé entre-temps pour le studio deux films d'aventure dont l'un avec Rock Hudson, réalise donc All That Heaven Allows à partir d'un simple mais adroit scénario original, avec une implication personnelle probablement plus prononcée que pour le précédent film. Accueilli plutôt froidement par la critique à sa sortie, ce nouveau drame sentimental est depuis devenu un classique, voire un modèle du genre, justifiant son entrée au National Film Registry en 1995, l'année de la sélection de Cabaret entre autres.
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Cary Scott, une veuve encore attirante résidant dans la petite ville de Stoningham, n'exclut pas de se remarier. Ses enfants Ned et Kay, étudiants à l'université, ou son amie Sara Warren la verraient bien s'unir en secondes noces avec le quinquagénaire aisé Harvey qu'ils connaissent depuis longtemps et avec lequel elle sort parfois. Cary est cependant touchée par la simplicité et la douceur de Ron Kirby, le jeune et séduisant arboriculteur qui s'occupe une fois l'an de son jardin et l'a convié à visiter sa serre. Elle refuse même l'invitation à dîner de Sara pour accompagner celui qu'elle n'avait pas revu depuis de longues semaines chez ses amis, Mick et Alida Anderson. Mais, bien que très amoureuse, Cary redoute les probables conséquences que va susciter auprès de son entourage sa liaison naissante avec Ron.
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Les ressorts narratifs de All That Heaven Allows sont évidemment très différents de ceux qui animent Magnificent Obsession. La critique sociale pèse d'un poids au moins équivalent dans le scénario à celui de l'histoire d'amour sur laquelle il semble de prime abord fondé. L'ouverture du film, une vue plongeante à partir du temple de la petite localité de la Nouvelle-Angleterre qui lui sert de décor, en dit déjà long sur la progressive révélation du conformisme et de l'étroitesse d'esprit de la classe moyenne à laquelle appartient Cary Scott. Au delà des oppositions d'âge, de statut et de fortune, le script joue également sur le contraste fondamental entre mondanité urbaine et un certain naturisme philosophique. La finesse de mise en scène et les fameuses qualités de coloriste de Douglas Sirk ainsi que le casting, premiers et seconds rôles, font ici merveille. Si All That Heaven Allows n'avait pas été un récit (vu à travers un regard) de femme, on aurait toutefois apprécié une ironie plus mordante. Une radicalisation qu'opérera Rainer Werner Fassbinder près de vingt ans plus tard en s'inspirant du film pour son Angst essen Seele auf.

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