vendredi 12 octobre 2007

Pétrus


"Vous, vous devez bien les connaître les femmes pour qu'elles vous tirent des coups de revolver... Et surtout pour qu'elles vous manquent."

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Alors que son cadet Yves tourne Les Démons de l'aube, Marc Allégret porte au cinéma la pièce du dramaturge Marcel Achard, créée par Louis Jouvet à la Comédie des Champs-Elysées en décembre 1933. Le futur Académicien s'adonne aux joies du cinéma depuis 1931, d'abord comme scénariste (il adapte notamment Mayerling de Claude Anet ou co-signe L'Etrange Monsieur Victor) puis comme réalisateur et même acteur. Contrairement au Pomerol homonyme, Pétrus n'est pas un premier cru. Mais le spectateur se laisse gentiment prendre par ses intrigues romantiques et policières et par le quatrième et pénultième face à face Fernandel-Pierre Brasseur.
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Par un soir de brouillard, Anne Loiseleur dite Migo, jeune huitième girl du cabaret "Le Froufrou", attend son collègue et amant Rodrigue Goutari à la sortie de l'établissement de Montmartre. En tentant de le tuer par deux coups de pistolet, elle blesse un passant, le photographe Pétrus Kazanian. Toute la petite compagnie du drame et ses témoins sont emmenés au poste de police. Là, pendant que Pétrus, blessé au bras gauche, ne décolère pas, Rodrigue se débarrasse discrètement de la fausse monnaie que lui a confiée son patron Luciani dans la poche de la victime. Puis le danseur mondain raccompagne le photographe chez lui tout en essayant, en vain, de récupérer la liasse de billets. Touché par les propos de Rodrigue, par le désarroi et la beauté de Migo, Pétrus retire finalement sa plainte. Mais il fait pression sur le volage Rodrigue pour qu'il se montre aimant à l'égard de la jeune femme.
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Tourné en studios à Bâle et aux Buttes-Chaumont, Pétrus ne constitue pas le meilleur opus du cinéaste, ni celui de ses dix collaborations avec Marcel Achard. Le réalisateur de Fanny et d'Entrée des artistes ne parvient pas à donner à son film cet arôme et ce goût susceptibles de le rendre mémorable. Quelques dialogues font mouche mais subsiste une impression d'hétérogénéité et de confusion, due principalement au scénario originel. Certaines pistes narratives ne sont pas exploitées, d'autres perturbent la pertinence du récit. Les personnages restent également assez uniformes tout au long du métrage. Pierre Brasseur en charmant hypocrite, Simone Simon, que l'on préfère résolument dans des rôles dramatiques, en jolie sotte et Fernandel, dans son dernier film avec Allegret, qui livre une interprétation assez convenu d'imbécile prolixe au grand cœur, ne surprennent pas. Tout comme Achard qui disait de ce dernier : "l'acteur que je crois permis au plus grand avenir maintenant que Raimu est mort, c'est Fernandel. Dans Pétrus, son talent vous apparaîtra sous un jour tout neuf." Sauf que le natif le Marseille avait déjà plus de soixante-dix rôles à son actif, dont certains avaient déjà largement bâti sa renommée.

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