mercredi 11 juillet 2007

The Big Clock (la grande horloge)


"Isn't it a pity... the wrong people always have money."

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Premier film produit par le scénariste et réalisateur d'origine australienne John Farrow, The Big Clock est une adaptation du roman du poète et écrivain Kenneth Fearing publié en 1946. Ce thriller, relativement méconnu du grand public, présente l'insigne intérêt, outre la qualité de son scénario signé par l'auteur de romans policiers Jonathan Latimer, de réunir pour la deuxième fois, après Payment Deferred, le trio Ray Milland (récent titulaire d'un "Oscar" pour son interprétation dans The Lost Weekend), Charles Laughton et Maureen O'Sullivan, l'épouse du réalisateur.
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Responsable de "Crimeways Magazine" au sein du groupe de presse appartenant à Earl Janoth, George Stroud a élaboré une méthode efficace permettant à son équipe de résoudre certaines affaires criminelles, comme celle d'Amos Fleming, avant la police. Pourtant, malgré l'intérêt qu'il porte à son métier et les pressions de son patron obnubilé par les tirages et par l'heure, il a décidé de partir enfin en vacances avec son épouse Georgette et son jeune fils George Jr. en Virginie, lune de miel différée de cinq ans en quelque sorte. Pour préserver son couple et sa famille, il ne craint pas de perdre son job et d'être même interdit d'exercer le journalisme par l'influent et puissant Janoth. L'après-midi de son départ, Stroud accepte le rendez-vous de Pauline York, collaboratrice occasionnelle de la rubrique Couture et maîtresse infidèle de Janoth.
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Lorsqu'il s'aperçoit avoir raté son train, il erre de bar en bar avec la jeune femme avant de la raccompagner chez elle. Un peu avant une heure du matin, un visiteur se présentant à l'appartement de Pauline, Stroud s'éclipse discrètement et voit son patron attendre sur le palier. Offensé verbalement par Pauline, Janoth, sous une brusque impulsion, la frappe mortellement avec un cadran solaire récupéré le soir même par Stroud. D'abord décidé de se constituer prisonnier, le meurtrier en est dissuadé par son rédacteur en chef Steve Hagen, lequel se rend sur le lieu du crime pour ôter tout indice compromettant. Aux premières heures du jour, Janoth demande à Stroud de rentrer de Virginie pour retrouver Jefferson Randolph, l'homme ayant prétendument passé la soirée avec Pauline.
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Certes moins réputé que The Big Sleep, The Big Clock constitue sans nul doute le chef-d'œuvre de John Farrow. La subtilité de l'intrigue du faux coupable imaginée par Kenneth Fearing a d'ailleurs inspiré plusieurs scénarii parmi lesquels ceux de The Glass Web de Jack Arnold, Police Python 357 d'Alain Corneau ou, plus directement, No Way Out de Roger Donaldson. Même s'il débute et est narré en flash-back à la manière de l'excellent Double Indemnity de Billy Wilder et s'il en possède certaines caractéristiques, The Big Clock n'est à proprement parler ni un film-noir, ni un polar. Certains n'hésitent pas à le qualifier de screwball comedy (comédie déréglée, en référence à l'omniprésence des horloges ?), probablement sous l'influence du marquant second rôle tenu par Elsa Lanchester, la fiancée de Frankenstein mais aussi Mrs. Laughton à la ville. Certains détails du récit manquent de cohérence. L'ambiguïté sexuelle d'Earl Janoth dans le roman est également traitée de façon moins explicite par le script. Le film frappe néanmoins le spectateur, grâce notamment à ses qualités visuelles dues à John Seitz (Double Indemnity, Sunset Boulevard) et à la composition de Charles Laughton dans un personnage à la William Randolph Hearst ou Henry Luce.

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