lundi 23 juillet 2007

The Glass Key (la clé de verre)


"That's what I felt about you: a staple loyalty."

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Après une parenthèse hollywoodienne liée à son engagement par la Paramount, Dashiell Hammett retourne à New York. C'est là qu'il écrit "The Glass Key", publié entre mars et juin 1930 dans le magazine "Black Mask". Le roman, dédié à son amie écrivain Nell Martin, fait l'objet d'une première adaptation en 1935 signée par l'inédit duo Kubec Glasmon-Kathryn Scola, réalisé par Frank Tuttle avec George Raft dans le rôle d'Ed Beaumont. La version de l'ex-monteur Stuart Heisler, produite également par le studio fondé par Zukor et Lasky, met elle en vedette le couple Veronica Lake-Alan Ladd dirigé la même année dans This Gun for Hire par d'un certain... Tuttle.
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Paul Madvig, un escroc à la tête d'un puissant syndicat électoral, décide de changer d'alliance et de soutenir Ralph Henry, le candidat réformiste au poste de gouverneur. Les récents sentiments qu'il nourrit à l'égard de Janet, la fille d'Henry, motivent pour l'essentiel ce brusque revirement. Pendant que Madvig s'entretient avec son bras droit Ed Beaumont, Nick Varna pénètre dans le bureau sans y être invité. Le patron des "Golden Clubs" se plaint de ne plus profiter de la protection de l'organisation de Madvig avec pour conséquence la fermeture de ses établissements. Lui et son sbire Jeff sont mis à la porte sans ménagement. Après avoir fait un rapide passage à la soirée donnée chez les Henry où il rencontre Janet, Beaumont est sollicité par Opal, la sœur cadette de Madvig, pour qu'il lui donne de l'argent. En la suivant, il la trouve dans les bras de Taylor, le fils prodigue d'Henry et débiteur de Varna. Beaumont sépare le couple et ramène de force la jeune femme chez elle. Averti un peu plus tard par un appel d'Opal de la résolution de son frère de tuer Taylor, Beaumont se rend à proximité de la résidence des Henry où il trouve le cadavre du jeune homme.
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Œuvre préférée de son auteur, dans laquelle l'ancien employé de l'agence Pinkerton et rédacteur de pulp fictions abandonnait pour la première fois son héros de détective, "The Glass Key" a perdu à l'écran, outre des éléments de sa narration, une partie de sa noirceur et de son atmosphère inquiète. Sur fond de corruption généralisée, la chance et la relation triangulaire Paul Madvig-Janet Henry-Ned Beaumont (personnage auquel Dashiell Hammett s'identifiait) constituaient les ressorts dramatiques de ce hard-boiled ("dur-à-cuire" ou roman noir). Le film de Stuart Heisler met surtout en relief la paradoxale loyauté (indéfectible et quelque peu sado-masochiste) d'un gangster évoluant au milieu d'opportunistes. Le scénario de Jonathan Latimer présente, hélas, celui-ci de manière trop univoque et positive pour le rendre véritablement intéressant. Plaisant à défaut d'être enthousiasmant, The Glass Key reste en retrait par rapport à The Blue Dahlia de Raymond Chandler et George Marshall avec également Veronica Lake-Alan Ladd en tête d'affiche ou au Miller's Crossing des frères Coen que n'aurait pas désavoué, bien au contraire, Hammett.

jeudi 19 juillet 2007

Columbo: Murder, Smoke & Shadows (ombres et lumières)


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8.2 Leonard 'Lennie' Fisher est venu d'Albany rendre visite à son vieux copain Alex Brady devenu l'un des plus fameux jeunes réalisateurs d'Hollywood. Ses intentions ne sont pas vraiment amicales. Après lui avoir annoncé le décès de leur camarade Buddy Coastes, il demande à Brady de passer un court métrage confié avant sa mort par le défunt. Celui-ci montre les circonstances réelles du décès de Jenny, la sœur de Fisher, abandonnée par le cinéaste à la suite d'un accident de moto survenu pendant le tournage d'un film amateur. Brady dénonce un incompréhensible trucage et souhaite apporter le preuve de son innocence. Le soir, il entraîne Fisher dans une rue qui sert de décors aux studios et qu'il a fait arroser afin d'électrocuter celui qui menace de compromettre sa brillante réussite professionnelle.
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Tourné pour l'essentiel dans les studios Universal, cet épisode est une nouvelle incursion du lieutenant Columbo dans le monde du cinéma. Cette fois, il est aux prises avec un jeune et ambitieux réalisateur, spécialiste des effets spéciaux et volontiers manipulateur. L'inspecteur de la brigade criminelle démontre qu'il est au moins aussi doué que son suspect en matière de mise en scène et de direction d'acteurs. 

Columbo: Columbo Goes to the Guillotine (il y a un toujours un truc)


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8.1 Le télépathe britannique Elliott Blake tente d'aider l'Anneman Institute dirigé par son amie le dr Paula Hall à conserver le financement gouvernemental dont il bénéficie pour mener ses recherches sur les ressources psychiques. Il accepte de se soumettre au test de vision à distance proposé par M. Harrow et organisé par Max 'The Magnificient' Dyson, un célèbre magicien en croisade contre les faux voyants. Le résultat est concluant et le soutien à l'institut est prolongé. Blake se rend alors dans l'atelier de Dyson avec lequel il a, plusieurs années auparavant, partagé les geôles ougandaises. Convaincu d'avoir été trahi par son complice pour obtenir la liberté, Blake décapite Dyson avec la guillotine que celui-ci mettait au point.
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Premier épisode de la seconde époque de la série, Columbo Goes to the Guillotine est diffusé le 6 février 1989, soit presque onze ans après The Conspirators (13 mai 1978) dirigé par le même Leo Penn. Sans cesse sollicité pour revêtir à nouveau l'imperméable du célèbre inspecteur, Peter Falk, dont les apparitions au cinéma dans l'intervalle ont, à l'exception de celle dans Der Himmel über Berlin, été plutôt décevantes, finit par accepter avec, à la clé, un traitement revu à la hausse (six millions de dollars par épisode) et un statut de producteur lui permettant d'avaliser le choix des scénaristes, réalisateurs et acteurs.
Pour son retour sur le petit écran, Columbo renoue avec l'univers des magiciens qu'il a déjà fréquenté dans Now You See Him. Le lieutenant n'hésite pas à mettre sa tête en les mains du meurtrier joué par le Londonien Anthony Andrews, interprète notamment du demi-frère du personnage tenu par Albert Finney dans Under the Volcano de John Huston.

Mon meilleur ami


"... Faut respecter les distances de freinage, hein."

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S'il ne surprend pas toujours, Patrice Leconte nous déçoit rarement. C'est encore le cas avec Mon meilleur ami dont il n'est pas l'auteur mais qu'il influence par son élégante mise en scène. Sur une idée d'Olivier Dazat, à l'origine d'un scénario (Trois huit) nettement moins amical, cette comédie dramatique, seconde collaboration après l'intéressant Confidences trop intimes du réalisateur avec le scénariste Jérôme Tonnerre, offre une première confrontation entre Daniel Auteuil et Dany Boon qui s'étaient seulement croisés sur les plateaux de La Doublure.
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Vaguement perturbé par l'assemblée très clairsemée aux obsèques d'un client, le marchand d'antiquités François Coste acquiert, sur une impulsion irrépressible, pour une très forte somme un vase antique aux ventes de l'Hôtel Drouot où il a retrouvé son associé Catherine. Le soir, au cours d'un dîner, l'un des convives lui assène qu'il risque de ne pas y avoir non plus grand monde à ses funérailles. Catherine surenchérit à affirmant qu'il ne possède pas de vrai ami ; elle parie même avec lui qu'il sera incapable de lui présenter son meilleur ami avant la fin du mois. Coste fait la liste de ses connaissances et doit rapidement constater qu'aucun d'entre eux n'est un ami. Après avoir cherché vainement la recette de l'amitié auprès d'inconnus, dans un livre et pendant une conférence, il demande alors à Bruno Bouley, un aimable et encyclopédique chauffeur de taxi qu'il a rencontré à deux reprises, de lui donner des cours de sympathie.
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Dans "Ethique à Nicomaque", Aristote affirmait que "l'amitié est une âme en deux corps". Encore faut-il les faire se rencontrer ! Sans avoir évidemment l'ambition du traité éthique et politique en dix livres du presque contemporain du vase lacrimal sur lequel "repose" son scénario vébérien, Mon meilleur ami est une sympathique fable morale sur la qualité des sentiments (vénalité, gratuité). Les situations et les dialogues sont plutôt ingénieux même s'ils recèlent à quelques occasions des maladresses ou des longueurs (la contre-productive scène du jeu télévisé relève-t-elle seulement de la panne d'inspiration ?). Si l'on peut regretter la faible mise en valeur des rôles secondaires, le duo Auteuil-Boon fonctionne en revanche assez bien et de manière équilibrée, ce qui atteste de l'étendu du registre de ce dernier. Patrice Leconte a d'ailleurs prévu de tourner un nouveau film, son antépénultième*, avec l'humoriste nordiste.
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*Patrice Leconte a annoncé qu'après Mon meilleur ami, il tournerait trois longs métrages puis mettrait fin à sa carrière de réalisateur.