mardi 20 mars 2007

Alexandra's Project


"Je n'ai désormais plus rien à cacher"

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Rolf de Heer est, à l'image de ses films, un personnage insolite. Subversif, provocateur, le cinéaste australien d'origine néerlandaise, auteur de la plupart de ses scénarii, aime surprendre et déranger. Comme avec Alexandra's Project, présenté à Berlin en 2003 mais non distribué dans les salles françaises. Sept ans après The Quiet Room, première sélection à Cannes pour le réalisateur, où une jeune fille assistait à la dissolution du couple parental, ce quasi huis clos, original et étouffant, revient sur ce thème avec des arguments différents, ingénieux et percutants. Le film se démarque assez nettement du sex, lies, and videotape de Steven Soderbergh auquel on pourrait hâtivement le comparer.
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Dans la coquette et tranquille zone résidentielle où ils demeurent, Steve et Alex(andra) forment avec leurs deux enfants une famille apparemment sans histoire. Leur voisin Bill, obsédé par l'arrosage de sa pelouse et à la tête d'une prospère entreprise de sécurité, a protégé avec soin les accès de leur maison. Emma et Sam viennent réveiller leur père avec des cadeaux pour son anniversaire. Les patrons et collègues de Steve célèbrent également cette date avec un gâteau et une belle promotion. Alexandra attend elle le soir pour réserver à son époux une grosse surprise. Lorsqu'il rentre chez lui, Steve trouve une maison déserte et sans lumière. Dans le salon, à côté d'une caméra vidéo sur pied, se trouve un paquet avec une étiquette "Open me Dad". A l'intérieur, une bande portant la mention "Play me".
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A la manière dont s'ouvre Alexandra's Project, lente et insidieuse progression matinale à travers les ruelles qui mènent à l'appartement de Steve et Alex, nous savons à l'avance que cette banale chronique familiale va bientôt basculer. Pas vers le drame conventionnel mais vers un inattendu thriller psychologique et médiat(isé). Comme le personnage de Steve, nous sommes scotchés à notre fauteuil ; contrairement à lui, nous ne souhaitons actionner ni la pause ni l'avance rapide. Sans déflorer l'intrigue, la vengeance et la stigmatisation du rapport de force à l'intérieur du couple sont au cœur des scénarii, avec un recours appuyé à l'énigme. Ce dixième film de Rolf de Heer constitue, à bien des égards, la figure inverse de A Woman Under the Influence de John Cassavetes. Si le finale déçoit un peu, ce n'est pas le cas de la délicate prestation d'Helen Buday (aperçue il y a près de vingt ans dans Mad Max Beyond Thunderdome !).

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