mardi 21 novembre 2006

La Bandera


"... Alors mourir pour mourir, ben j'aime mieux mourir... honorablement."

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Deux ans avant d'aller à Alger tourner Pépé le Moko, considéré traditionnellement comme son chef-d'œuvre, Julien Duvivier produit la seconde partie de La Bandera au Maroc, dans le Sahara alors espagnol. Il s'agit de la première adaptation d'une œuvre de Pierre Dumarchais (ou Dumarchey), alias Pierre Mac Orlan, co-scénariste du film muet de Marcel L'Herbier, L'Inhumaine, et auquel on doit notamment l'excellent Quai des brumes de Marcel Carné et Jacques Prévert, également avec Jean Gabin. Le roman éponyme, paru en 1931, s'inspirant probablement d'un épisode de la vie de son frère cadet, Jean, survenu en 1901, fait suite à un voyage en Tunisie pour un reportage sur la Légion étrangère.
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Auteur d'un meurtre commis nuitamment dans une maison située au 25 de la rue Saint-Vincent, Pierre Gilieth s'exile à Barcelone. Dans un cabaret, il rencontre deux français qui lui subtilisent son argent et ses papiers. Désormais sans ressources, il décide de s'engager dans la Légion étrangère espagnole et passe la visite médicale en même temps que ses compatriotes Marcel Mulot et Fernando Lucas. Les trois hommes sont affectés à la troisième bandera envoyée dans le rif marocain pour combattre la guérilla locale. Mais Gilieth soupçonne bientôt Lucas d'être un policier chargé de l'appréhender pour son assassinat ou un informateur intéressé par la forte prime promise pour son arrestation.
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Dans le sillage du Morocco de Josef von Sternberg ou du Grand jeu de Jacques Feyder, La Bandera peut être perçu comme une production saharienne supplémentaire prenant un légionnaire comme personnage dramatique principal. Or, le film de Julien Duvivier possède au moins deux mérites par rapport à ces derniers. L'intrigue romantique, importante pour la résolution de la narration, n'y tient qu'une place secondaire dans ce symbolique récit d'une rédemption. Et, surtout, le cinéaste a su parfaitement rendre les atmosphères de l'ouvrage de Pierre Dumarchais où se mêlent intimement un certain réalisme documentaire et cette dramaturgie poétique et sociale qui caractérise l'œuvre du Picard de naissance. Aux côtés de l'efficace trio Robert Le Vigan, Raymond Aimos et Jean Gabin que l'on retrouvera dans Quai des brumes, le film permet d'apprécier Pierre Renoir, toujours très à l'aise sous l'uniforme, et l'expressive Annabella (partenaire de ce dernier, la même année, dans Veille d'armes de Marcel L'Herbier) à l'exotisme assez surréaliste.

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