mardi 10 octobre 2006

Le Passager


"Alors, une fois de plus, c'est lui qui décide ?"

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D'Eric Caravaca, nous connaissions le talentueux acteur de François Dupeyron ("César du meilleur espoir masculin en 2000 pour C'est quoi la vie ?), de Patrice Chéreau ou de Lucas Belvaux. Il va falloir désormais s'habituer à le considérer comme un réalisateur sérieux. Le Passager, librement adapté du roman d'Arnaud Cathrine "La Route de Midland", paru en 2001, est en effet un premier film de qualité, serré, sensible et intelligent. Sélectionné à la Semaine de la critique de la Mostra de Venise 2005, il recevait la même année le "Grand prix" et le "Prix du public" du Festival de Belfort.
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Quittant son épouse et son jeune enfant à Paris, Thomas Salvaire se rend à Marseille pour identifier à l'institut médico-légal le corps de son frère aîné Richard. En attendant l'inhumation dont il retarde la date par son indécision, Thomas retourne dans la maison familiale, inhabitée depuis bien longtemps et qu'il décide de mettre en vente. Dans les affaires personnelles du défunt qu'on lui a confiées, il découvre une photographie de ce dernier avec sa compagne. Il prend alors une chambre dans le petit l'hôtel que dirige celle-ci, prénommée Jeanne, avec l'aide de Lucas son filleul et de son oncle Joseph. Thomas apprend que son frère a abandonné Jeanne après une rechute dans l'alcoolisme ; il gagne aussi progressivement la confiance de Lucas qui souffre d'un déficit auditif à la suite d'un accident. Dans le sac de son frère, Thomas trouve également une lettre adressée par Richard à Suzanne, une ancienne relation devenue chanteuse dans un cabaret.
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Transposé du Texas à Port-La Nouvelle (Aude), le drame d'Arnaud Cathrine gagne en intimité (proximité) ce qu'il perd en exotisme. On retrouve, avec plus d'intensité peut-être, ces blessures familiales, fraternelles ou filiales, qui peuplent ses romans. Eric Caravaca a su remarquablement traduire à l'écran, ce qui n'avait rien d'évident, cette progressive réconciliation du personnage principal avec ses fantômes et avec lui-même, cette victoire de la parole sur le mutisme, de l'espoir sur la fatalité. Le traitement presque allusif de l'événement originel et la persistance d'ellipses contribuent pour beaucoup à l'intérêt et à l'impact du film. Il serait d'ailleurs intéressant de savoir si l'expérience de l'acteur Caravaca dans Son frère, où son partenaire s'appelait également Thomas, a pu avoir une influence dans la production du Passager. Pour cette première œuvre, le réalisateur a dû faire face à une difficulté supplémentaire, celle de se mettre en scène après la défaillance de Yann Goven. Les situations comme les interprétations sonnent pourtant juste sur toute la durée du métrage, preuve d'une réelle maîtrise dès ce coup d'essai. Un essai que l'on aimerait voir transformer avec un très prochain film.

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