dimanche 1 octobre 2006

Gaau ji (nouvelle cuisine)


"Les trésors sont toujours fortuits."

 - film - 41971_2
Tant que le chemin de la fontaine de Jouvence, illustrée par Jérôme Bosch sur son célèbre triptyque "Le Jardin des délices", n'aura pas été retrouvé, l'homme devra avoir recours à des expédients plus ou moins fiables pour tenter de conserver la jeunesse. Plusieurs figures légendaires reposent sur ce fol espoir, du vampire Dracula de Bram Stoker et sa variante féminine, la comtesse Bathory (version Harry Kümel ou Walerian Borowczyk), à Zardoz en passant par le Dorian Gray d'Oscar Wilde. Si vous ne goûtez pas la peinture et trouvez contraignant de ne vivre que la nuit, peut-être serez vous alors séduit par la recette de Fruit Chan inspirée de la nouvelle de sa compatriote Lilian Lee. D'abord proposée parmi des amuse-gueules aux saveurs exotiques, elle nous est revenue cette année, après un passage par Gerardmer, sous la forme plus classique... d'un plat de résistance.
 - film - 41971_4
Mme Li, une ancienne vedette de télévision à la beauté désormais fanée, est délaissée par son homme d'affaires de mari qui lui préfère des chairs plus fraîches. Pour tenter d'enrayer le phénomène, voire de l'inverser, elle se rend chez 'Tante' Mei, une ex-chirurgienne immigrée de Chine et habitant à présent dans un quartier populaire de Hong Kong, dont les raviolis ont la réputation d'avoir des vertus rajeunissantes. Leur prix élevé n'est pas un obstacle pour la riche et célèbre bourgeoise. Il est vrai que les ingrédients sont d'une grande rareté, en particulier lorsque cette restauratrice d'un genre particulier se charge elle-même d'en faire la "récolte".
 - film - 41971_7
Produit par le Hongkongais Peter Ho-sun Chan, réalisateur notamment du meilleur segment de San geng, Gaau ji trouve indéniablement, avec ce nouveau format, un équilibre que ne possédait pas le court métrage dont il est issu. Fruit Chan peut, à bon escient, étoffer le contenu narratif et la psychologie des personnages, en particulier ceux de Mei et de Mr. Li interprétés respectivement par l'étonnante Bai Ling et par Tony Leung Ka Fai. La dimension horrifique, déjà assez peu accentuée, se dilue pour laisser apparaître un étrange psychodrame social autour des thèmes de l'image et du désir dans lequel se développent de singuliers et complexes enjeux de pouvoir. La misogynie de la version initiale y est également moins prégnante. Le méticuleux travail de coloriste et de composition visuelle ressort enfin de manière moins artificielle, souligné par la remarquable photographie du collaborateur de Peter Chan, l'Australien Christopher Doyle.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire