mercredi 20 septembre 2006

Sauf le respect que je vous dois


"... Qu'est-ce que j'ai ?... J'ai rien..."

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A sein du séculaire film social s'est développé, depuis une dizaine d'années environ, ce que l'on pourrait appeler le "drame entrepreneurial". Ce genre spécifique se veut le reflet des tensions grandissantes et d'une nette dégradation de la "civilité", pour employer un terme mesuré, au sein des sociétés industrielles et commerciales. Laurent Cantet a, en quelque sorte, ouvert la voie avec, successivement, les réussis Ressources humaines et L'Emploi du temps, ce dernier sorti la même année que Trois huit, produit comme Sauf le respect... par Bertrand Faivre. On peut également évoquer les plus récents Violence des échanges en milieu tempéré de Jean-Marc Moutout, Le Couperet de Costa-Gavras ou encore le tout prochain El Método de l'Argentin Marcelo Pineyro. Malgré les apparences et le fait qu'il se fonde sur une expérience de licenciement vécue, le premier long métrage de Fabienne Godet n'appartient qu'à la marge à cette catégorie, plus proche en réalité du drame psychologique aux connotations policières.
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La situation économique de la société DSBO pousse Bruner, son directeur, à en demander toujours davantage à son personnel. Si François Durrieux accepte docilement de faire des heures sup., l'empêchant d'être présent à l'anniversaire de son fils Benjamin et l'obligeant à renoncer à des vacances prévues avec sa famille, son jeune collègue et ami proche, Simon Lacaze, rue au contraire dans les brancards. Il envisage même de démissionner, seulement retenu par les conseils de modération de son aîné. Au cours d'une réception organisée par l'entreprise, Durrieux est présenté à la nouvelle directrice des ventes. Lacaze, lui, est étrangement absent.
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Comme le soulignait, à sa manière, Georges Brassens, ("Parlez-moi d'amour et j'vous fous mon poing sur la gueule) Sauf le respect que je vous dois" est avant tout une expression de colère et de révolte. Ce sont ces sentiments inhabituels qui vont naître chez le personnage central du film à la suite d'un acte désespéré, lui-même provoqué par une décision, hélas !, d'une banalité quotidienne ou, du moins, acceptée désormais comme telle. La narration en flash-back de ce drame pluriellement humain ne s'imposait pas tant la situation et les enjeux initiaux sont très tôt évidents. Si la réalisatrice réussit à installer son climax au milieu du métrage, le scénario reste en revanche un peu schématique, conventionnel et, surtout, assez confus. On cherche en vain la valeur ajoutée apportée par le personnage de Lisa interprété par Marion Cotillard et, d'une manière générale, la mise en scène et le jeu des acteurs manquent sensiblement de finesse et de vigueur.

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