mercredi 23 août 2006

The Wind That Shakes the Barley (le vent se lève)


"I've crossed the line now, Sinead."

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Mérite ou ancienneté ? La brève polémique qui a suivi l'attribution de la "Palme d'or" 2006 à The Wind that Shakes the Barley n'avait en soi rien de bien passionnant. Elle est néanmoins symptomatique des limites du cinéma dit "engagé", celui de Ken Loach comme les autres. Les convictions du cinéaste britannique sont connues depuis longtemps, comme d'ailleurs la fidélité du Festival de Cannes à son travail. Après deux "Prix du jury", la treizième participation (dont huit en sélection officielle) a donc consacré le réalisateur de Kes et de Family Life, négligé par les autres festivals ou cérémonies de prix. Avec ce nouveau film, le doyen des compétiteurs invités sur la Croisette fait davantage œuvre d'historien que de dramaturge, affaiblissant par là même la force et le lyrisme de ce "Vent secouant l'orge".
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Irlande 1920. Quelques amis terminent une partie de hurling et se rendent chez l'un d'entre eux, Micheail O'Sullivan. Une brigade de Black and Tans, policiers armés, se présente bientôt et, arguant de l'interdiction de réunion, leur demande avec brutalité et injures de décliner leur identité. Parce qu'il répond en gaélique, Micheail est emmené dans le poulailler et sommairement exécuté. Jeune médecin en partance pour Londres, Damien O'Donovan a assisté au meurtre de son camarade. Il est également le témoin, le jour de son départ, de nouvelles violences commises par les militaires de la couronne britannique sur un conducteur de train et un chef de gare. Damien renonce alors à son voyage pour rejoindre les volontaires soutenant le Dail Eireann, le gouvernement de la république d'Irlande, auxquels appartient déjà son frère Teddy. Après un bref entraînement, son groupe attaque un poste de police pour y dérober des armes.
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Paul Laverty, dont il s'agit de la septième collaboration avec Loach, situe son scénario à l'une des périodes les plus critiques de l'histoire de l'Irlande. En décembre 1918, le Sinn Fein avait remporté les élections, constitué un parlement irlandais et proclamé l'indépendance. La décision de dissoudre ce parlement, prise par le pouvoir britannique, va donner naissance à un nouveau soulèvement dans l'île qui va durer trois ans. The Wind that Shakes the Barley s'attache au récit de cette étape du mouvement pour l'indépendance qui va aboutir aux accords de 1921 puis à la guerre civile consécutive. Les événements y sont dépeints avec beaucoup de naturalisme (grâce notamment à la photographie de Barry Ackroyd) mais le film reste un peu prisonnier d'une mécanique action-réaction, laissant finalement peu de champs à une réflexion humaniste et politique.
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Les délicates thématiques barbarie-résistance ou réalisme-idéalisme sont abordées sous un angle trop didactique et dualiste pour convaincre véritablement. Loach, qui avait précédemment abordé le sujet à travers Days of Hope, Looks and Smiles ou Hidden Agenda, reste en deçà de la puissance narrative et visuelle du, certes différent, Bloody Sunday de son compatriote Paul Greengrass. The Wind that Shakes the Barley mérite certainement sa "Palme"... probablement parce que la compétition cannoise est moins relevée qu'il y a quelques années.

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