lundi 21 août 2006

Reefer Madness


"The Real Public Enemy Number One!"

La prohibition de l'alcool aux Etats-Unis, dans les années 1920 et 1930, est à l'origine du développement d'un usage "récréatif" du cannabis, considéré jusque là dans les pays occidentaux* comme une plante médicinale, sous forme de fleurs ou feuilles séchées appelées marijuana. Face à ce nouveau danger, menaçant particulièrement les jeunes à une époque où le tabac n'était pas encore honni, certains (groupe religieux, armée ?) ont eu l'idée de produire un film dénonçant, de manières dramatique et caricaturale, les graves méfaits de la consommation de marie jane**. L'ironie du sort a voulu que ce pur vecteur de propagande devienne, à partir de la fin des années 1960, une comédie culte pour les amateurs de Midnight Movies. Il a également inspiré Reefer Madness II: The True Story de Kent Skov en 1985 et Reefer Madness: The Movie Musical d'Andy Fickman l'année dernière.
Des parents d'élèves sont invités par la presse à se rendre à une réunion organisée par le docteur Alfred Caroll. Le principal du Collège Truman souhaite les informer de l'inquiétante croissance de la consommation de marijuana parmi les étudiants. Le patron du Bureau des narcotiques l'a convaincu de tenter de faire des membres d'association de parents d'élèves les acteurs principaux de la prévention contre ce fléau. Pour illustrer son exposé, l'enseignant relate un cas qui s'est déroulé dans la ville, celui d'étudiants attirés par Jack Perry à de petites fêtes dans l'appartement de Mae Colman, prétexte pour les inciter à fumer de la marijuana. La première victime de la nouvelle campagne de "recrutement" est Jimmy Lane, le jeune frère de Mary convoitée par Ralph Wiley désormais acoquiné avec Perry. C'est ensuite autour du petit-ami de Mary, Bill Harper, un brillant élève du collège et joueur de tennis, d'être convié par Jimmy à se rendre chez Mae où il rencontre Blanche.
Reefer Madness, sous-titré d'un très officiel "Tell Your Children", ne possède, comme son contemporain Marihuana***, aucune qualité cinématographique. Mal écrit, piètrement mis en scène et interprété, il tourne au comique par sa médiocrité et par l'invraisemblance des situations et des faits. Produit par le méconnu George A. Hirliman, le film est réalisé par le Français Louis J. Gasnier, recruté au début du siècle précédent par Pathé pour tourner des courts métrage comiques, puis envoyé aux Etats-Unis pour y poursuivre son "œuvre" d'où se détache The Perils of Pauline avec Pearl White. L'idéalisation de la famille et les effets de la marijuana sont largement exagérés pour servir l'objectif moralisateur de ses promoteurs. La lubricité, l'irresponsabilité, la violence et la démence sont stigmatisées de manière tellement absurde et caricaturale que Reefer Madness perd rapidement toute crédibilité et finit par desservir la croisade dont il était sensé être l'instrument. Paradoxalement, certaines scènes du film auraient assurément été censurées si elles n'était pas au service de cette inepte propagande.
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*les amateurs d'histoire médiévale savent toutefois que les Nizârites (ou Assassins, Hashâchines), membres d'une secte chiite ismaélite fondée au XIe siècle par Hassan al Sabah', sont devenus tristement célèbres par les spectaculaires meurtres-suicides qu'ils commettaient sous l'emprise, réelle ou fictive, du haschisch.
**ou, au choix, pot, dope, weed, reefer, bhang, green, herb, ganja, sinsemilla, grass, chronic, bud, sweed...
***et autres The Cocaine Fiends, Assassin of Youth, Test Tube Babies, Wild Weed ou The Narcotics Story.'' 

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