samedi 8 juillet 2006

Zhong hua zhang fu (shaolin contre ninja)


"La défier, c'est nous défier."

Si Shao Lin san shih liu fang, sorti l'année précédente, demeure sans conteste le chef d'œuvre de Liu Chia-liang réalisateur, Zhong hua zhang fu (diffusé en France fin 1982 sous l'absurde titre "Les Démons du karaté") a rapidement acquis une très bonne réputation, amplement méritée. Dans Long hu dou, près de dix ans plus tôt, Wang Yu, que Liu Chia-liang venait de diriger, avait déjà opposé arts martiaux chinois et japonais, mais de manière plus caricaturale et moins inspirée. Intelligent, remarquablement mis en scène et interprété, Zhong hua zhang fu constitue, dans le genre mixte auquel il appartient, une référence, offrant de surcroît un spectacle quasiment jouissif dont s'inspireront nombre de cinéastes parmi lesquels Sammo Hung Kam-Bo et, plus récemment, Stephen Chow.
Evénement planifié de longue date par Zhong-heng, son père homme d'affaires installé au Japon, He Tao épouse son amie d'enfance nippone Yumiko. Le jeune Chinois, expert en arts martiaux, possède une salle d'entraînement où il reçoit, avec ses camarades, l'enseignement de deux maîtres du kung fu. Son épouse pratique le karaté dont elle poursuit l'apprentissage avec constance et détermination. Après une brève période idyllique, le couple, en raison de ses différences culturelles, artistiques et philosophiques, entre en crise et Yumiko décide même de rentrer dans son pays. Pour la faire revenir, Tao, conseillé par Shou-guan son serviteur, lui lance par lettre un défi pugilistique. Celui-ci est relevé par sept experts japonais, chacun spécialiste dans sa discipline, parmi lesquels Takeno Sanzô, l'ami et entraîneur de Yumiko dans l'art du ninja.
Riche idée que celle de Ni Kuang de focaliser les rapports complexes et les oppositions de style et d'esprit entre la Chine et le Japon à travers des relations conjugales*. Trente ans après Adam's Rib, les arguments avancés par le couple imaginé par le brillant scénariste sont tout aussi enlevés et drôles mais largement plus percutants que ceux des Bonner (débonnaires ?!) interprétés par Katharine Hepburn et Spencer Tracy. Articulé en deux parties assez distinctes mais complémentaires, Zhong hua zhang fu frôle d'abord le pur burlesque avant d'évoluer vers ce qui demeure, avec Fay Lung kwo gong(également signé par Kuang Ni) et Jui kuen, un modèle de comédie-action. Liu Chia-liang, dans une scène mémorable, rend d'ailleurs personnellement hommage à cette dernière et récente production en maître du kung fu de l'ivresse. Son jeune frère Liu Chia-hui est stupéfiant dans les deux registres développés par le film et particulièrement pendant les sept combats où il affronte successivement des experts du kendo, du karaté, du nunchaku et du tonfa, de la lance, du saï, de la lutte et, enfin, de l'art ninja.
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*les couples sino-japonais représentent aujourd'hui environ 40% des mariages mixtes à Shanghai.

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