mardi 4 juillet 2006

Speedy (en vitesse)


"Cela sent la pluie."


Le dernier film muet d'Harold Lloyd est une belle réussite, véritable feu d'artifice de gags et d'action. Pendant que Buster Keaton naviguait (dans Steamboat Bill, Jr.) ou cherchait le scoop à New York (The Cameraman), que Charles Chaplin faisait le clown dans The Circus, trois remarquables productions également, Lloyd fonçait, inconsciemment, à travers les rues de Manhattan en propulsion mécanique ou traction animale. Parmi les scénaristes de Speedy figure Lex Neal, un collaborateur de Keaton ; Ted Wilde, membre de l'équipe d'écriture de l'acteur et producteur, est crédité, pour la seconde fois après The Kid Brother, de la direction et nommé, à ce titre, aux Academy Awards 1929.
Harold 'Speedy' Swift ne parvient pas à conserver ses emplois. Barman, il échoue à livrer un bouquet de fleurs à l'épouse de son patron. Chauffeur de taxi, il cumule les malchances et les procès verbaux pour conduite dangereuse. Le jeune homme ne perd pas pour autant le moral car ce qu'il apprécie le plus, c'est d'aller s'amuser à Coney Island avec sa fiancée Jane Dillon, surtout s'il lui reste de quoi acheter un costume neuf. Le grand-père de la jeune femme est le conducteur de la dernière ligne de tramway à cheval de la ville. Pop Dillon reçoit depuis quelques temps une insistante offre de rachat de la part d'Inter City, une compagnie concurrente. Jugeant la demande du vieil homme trop élevée, d'autant qu'elle a été, à juste titre, majorée par 'Speedy', au courant par la presse du regroupement en cours dans ce secteur, le vice-président d'Inter City trouve une solution destinée à récupérer la concession sans bourse délier : empêcher la circulation du tram de Pop pendant vingt-quatre heures. 'Speedy', par le plus grand des hasards, apprend l'existence du complot.
Speedy appartient aux productions d'Harold Lloyd présentant de fortes ruptures narratives. L'intrigue présumée principale, celle avec laquelle débute le film, laisse rapidement la place aux mésaventures du personnage qui lui donne son titre, elles-mêmes entrecoupées par une longue séquence prenant pour décor les attractions diverses et variées de la péninsule de Coney Island. Ce qui frappe au visionnage, c'est le réalisme urbain, proche du documentaire, le film livrant de nombreuses informations sur le mode de vie des New-yorkais en cette fin des années 1920. L'humour et le génie inventif de Lloyd ne sont, évidemment, pas en reste, marquant de nombreux points tout au long du métrage, en particulier pendant les impressionnantes (pour l'époque, mais aussi de nos jours), scènes de "course". Un opus à ne pas négliger dans la copieuse filmographie de l'artiste, rehaussé sur le plan esthétique par la radieuse et juvénile beauté de son éphémère partenaire, Ann Christy.

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