lundi 3 juillet 2006

Safety Last! (safety last! - monte là-dessus)


"... Dès que j'aurais semé le policier."

Un pic, que dis-je, un cap... Safety Last! est un véritable édifice du cinéma muet ; il est même devenu emblématique du genre (voir introduction à la biographie d'Harold Lloyd sur le site). Les cinéphiles ne le placent pourtant, traditionnellement, pas aussi haut que le visionnaire Modern Times de Chaplin ou que le lyrique The General de Keaton, plus tardifs*. La Library of Congress n'a-t-elle pas attendu 1994 pour l'intégrer à son National Film Registry, les deux autres apparaissant sur la toute première liste de l'organisme publiée en 1989 ? Peut-être le résultat du léger déséquilibre dont souffre le scénario. Le film de Sam Taylor et Fred C. Newmeyer constitue néanmoins, avec Grandma's Boy, l'un des sommets de la période la plus faste de l'acteur et scénariste Lloyd, celle de sa collaboration avec le producteur Hal Roach.
Harold quitte sa petite bourgade de Great Bend pour tenter de réussir à la ville. Il y laisse Mildred, sa fiancée, qui le rejoindra lorsque la situation professionnelle du jeune homme leur permettra de se marier. Harold a trouvé un emploi de vendeur, rémunéré quinze dollars la semaine, au rayon tissu du grand magasin DeVore. Il partage un appartement avec son ami Bill dont les ressources sont aussi maigres que les siennes, rendant le paiement du loyer assez acrobatique. D'autant qu'Harold consacre une bonne partie de son salaire, voire davantage, à faire des cadeaux à Mildred. Convaincu que son futur époux est devenu riche, celle-ci débarque un jour par surprise sur le lieu de travail de son fiancé.
Le script de Safety Last!, troisième long métrage d'une série initiée en 1921, est construit en deux parties bien distinctes. Après un prologue joliment trompeur, la première est essentiellement composées de saynètes plus ou moins longues et d'intérêt inégal (Harold prend son train, et sa logeuse, essaie d'arriver à l'heure à son travail...), préparant le terrain à la seconde partie, ce long climax d'environ vingt-cinq minutes qui a bâti la réputation du film et confirmé la renommée de son acteur. Les scénaristes sont toutefois parvenus à préserver une certaine unité comique et dramatique au film dans son ensemble. La production, toujours inventive et réaliste, d'Harold Lloyd, et Safety Last! en est le plus éminent témoignage, représente un compromis entre la comédie romantique caractéristique de la plupart des films de Charles Chaplin et le cinéma physique, voire de bravoure, de Buster Keaton, sans atteindre cependant la dimension poétique et la beauté formelle des films de ce dernier. Un choix astucieux puisqu'en suscitant le rire, la sympathie et l'émoi chez le spectateur, Lloyd et Roach ont rencontré un formidable succès public à leur époque. Des arguments qui restent valables aujourd'hui et devraient contribuer à faire sortir l'œuvre du "héros quelconque à lunettes" de son relatif anonymat.
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*Safety Last! sort en fait la même année que The Pilgrim, A Woman of Paris, Three Ages et, last but not least, Our Hospitality.



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