mardi 20 juin 2006

Under Capricorn (les amants du capricorne)


"Sacrifice, sacrifice..."

La création, en avril 1946, de la Transatlantic Pictures par Sidney Bernstein et la production de Rope ont sonné le glas de la collaboration entre Alfred Hitchcock et David O. Selznick, malgré les nombreuses propositions de projets faites par ce dernier. Avec Under Capricorn, tiré d'un roman de l'auteur australien Helen Simpson (déjà à l'origine de Murder! et de Sabotage), le réalisateur poursuit son expérimentation du plan séquence entamée avec le film précédent. Mais le tournage, d'abord aux studios Elstree puis à ceux de la Warner à Hollywood, s'avèra plus délicat, le décor, vaste et complexe, nécessitant un dispositif plus sophistiqué (le budget atteignit 2,5M$, soit un million de plus que celui de Rope). Le film fut, à sa sortie, un échec.
1831, Nouvelle-Galles du sud. Le nouveau gouverneur de la province vient de débarquer à Sydney accompagné de son cousin Charles Adare. En cherchant le moyen de faire des affaires et de gagner sa vie, celui-ci est mis en présence de Sam Flusky, un riche propriétaire de la région. Flusky lui propose d'acheter un terrain dont il ne peut se porter acquéreur et l'invite à dîner. Adare apprend, par le secrétaire de son cousin, le statut de son probable associé. Flusky est un "émancipé", un ancien condamné ayant purgé sa peine, ce qui l'empêche de réaliser des transactions portant sur des biens de l'Etat. Le gouverneur s'oppose catégoriquement à la visite de son parent chez un tel individu. Mais ce dernier passe outre et se rend à "Minyago Yugilla", la résidence des Flusky. Il y rencontre les autres invités, dont les épouses se sont toutes faites porter pâles, puis brièvement Henrietta Flusky, elle aussi souffrante. Henrietta et Adare se sont connus, plus jeunes, à Dublin et échangent quelques souvenirs. Flusky nourrit alors l'espoir de voir Adare contribuer à faire sortir son épouse de sa dépression et de son alcoolisme. Une mission que le nouvel arrivant prend particulièrement à cœur.
En 1948, Hitchcock est depuis près de dix ans aux Etats-Unis. Peut-être nostalgique du pays natal, il livre, avec Under Capricorn, l'un des plus britanniques de ses films de la période américaine. Dans la veine de Rebecca, mais sans en avoir les qualités implicites, il s'agit d'un mélodrame en costumes auquel on pourrait appliquer la formule du cinéaste à propos de son premier film américain : "ce n'est pas un film d'Hitchcock. ... C'était une histoire assez vieux jeu, assez démodée. Une histoire qui manque d'humour." Difficile de se passionner, notamment après The Strange Love of Martha Ivers de Lewis Milestone, pour cette intrigue fondée sur les thèmes de la rupture des conventions de classes, de la jalousie et du dévouement. Si l'on évacue les aspects formels et techniques du film, son intérêt réside principalement dans l'interprétation d'Ingrid Bergman, dans sa troisième et dernière collaboration avec Hitchcock, et de la comédienne Margaret Leighton, déjà excellente dans le récent The Winslow Boy d'Anthony Asquith.


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