jeudi 8 juin 2006

Toutes ces belles promesses


"... Juste disponible."

La saison musicale est sur le point de s'interrompre. La violoncelliste Marianne est amoureuse de son collègue violoniste Etienne qui lui préfère la flûtiste mais se laisse convaincre de passer la nuit avec elle. En faisant visiter à des acheteurs potentiels l'appartement de ses parents décédés, Marianne voit apparaître l'image de sa mère Clarisse, malade et alitée. Bouleversée, elle découvre ensuite dans un carton d'affaires un vieux disque d'Edith Piaf accompagné d'un porte-document contenant le testament, non exécuté, de son père Adrien. Ce dernier y léguait quelques biens à sa maîtresse Béatrice Marquet. Marianne sollicite Etienne pour lui parler de sa trouvaille et lui proposer de passer des vacances avec elle. Celui-ci lui assène, sans doigté ni délicatesse, qu'il ne l'aime pas et les deux fugitifs amants ont une brève altercation avant de se quitter. La musicienne part alors sur la côte Atlantique, à la rencontre de la femme aimée par son père, à l'origine du malheur de ses parents et, par là même, de son propre passé.
Drame romantique en cinq actes* inspiré par "Hymnes à l'amour", l'ouvrage autobiographique d'Anne Wiazemsky** paru en 1996, Toutes ces belles promesses confirme, si besoin est, Jean-Paul Civeyrac comme cinéaste du désarroi sentimental. Il permet également à celui-ci de renouer avec la figure du fantôme, délaissée dans le film précédent. Comme le souligne implicitement le titre, la tonalité du "Prix Jean Vigo" 2003 est mélancolique et nostalgique, mais sans excès. La passion amoureuse, les caprices du cœur et les effets du temps sont abordés plutôt avec finesse et joliment mis en scène (en particulier grâce à la photographie de Céline Bozon). Le choix du duo inédit Jeanne Balibar-Bulle Ogier, ces très bonnes actrices que l'on retrouvera prochainement chez Rivette, est judicieux et efficace ; on s'étonne même qu'il n'ait pas été réuni plus tôt. Mais on regrette cependant la vacuité de certains dialogues. Civeyrac poursuit son exploration du répertoire classique allemand puisque après Bach et Reger, ce sont des œuvres de Mendelssohn qui accompagnent ce cinquième long métrage.
___
*1- un peu de sentiments 2- le voyage de Marianne 3- l'autre femme 4- des remèdes à l'Amour 5- une dernière épreuve.
**petite-fille par sa mère de François Mauriac, actrice et épouse de Jean-Luc Godard.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire