samedi 24 juin 2006

Strings (le fil de la vie)


"Je commence là où il finit."

Depuis les œuvres du Tchèque Jirí Trnka et du Japonais Kihachiro Kawamoto, le cinéma utilisant des marionnettes pour personnages (la 3D avant l'heure en quelques sorte !) n'a pas fait florès. Cette forme d'animation, née en Asie, n'a, en effet, donné naissance qu'à très peu de longs métrages, à commencer par la série Thunderbirds du couple Anderson (et sa version moderne Team America: World Police) mais aussi et surtout The Dark Crystal, sans oublier Meet the Feebles de Peter Jackson. Strings du Danois Anders Rønnow Klarlund apporte, de belle manière, sa pierre à l'édifice.
Avant de se suicider, le Kharo (roi) d'Hebalon rédige une lettre à son fils, Hal Tara, dans laquelle il lui lègue son trône. Il lui recommande également de réussir là où il a échoué, rétablir la paix avec les Zeriths, les ennemis ancestraux des Hébaloniens. Le souverain met aussi son héritier en garde contre son oncle félon Nezo, contre le perfide homme de main de ce dernier, l'infirme Ghrak, et le conjure enfin et surtout de protéger sa sœur Jhinna. Mais Nezo est le premier à découvrir l'acte désespéré de son frère. Convoitant le pouvoir, il s'arrange pour faire passer ce suicide pour un assassinat impliquant Sahro, le chef des Zeriths, détruit la lettre-testament et informe Hal Tara de son deuil. Celui-ci décide de poursuivre le meurtrier présumé avec l'aide du général Erito.
Le choix de la marionnette à fil pour mettre en scène cette histoire vaguement shakespearienne apporte d'emblée au film à la fois un vecteur narratif et une dimension magique, voire transcendante. Les fils, qui donnent son titre à Strings, participent en effet grandement à l'intrigue qui s'y noue. Ensuite, insuffler le mouvement, c'est à dire la vie, par le haut, avec sa cinématique si particulière et sa complexité technique, ne peut en aucun cas être comparé à la classique animation "par le bas" du guignol. L'argument majeur du film, dont le scénario n'est pas d'une très grande originalité, constitue aussi sa limite. Cette légende réussit à la fois à émerveiller l'enfant qui sommeille en nous et à faire vibrer la corde sensible chez le spectateur plus mature. Mais la représentation des scènes d'action et la tonalité résolument dramatique affaiblissent un peu le charme indéniable du film.

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