mardi 20 juin 2006

Mary


"Sauf si l'art intervient au dernier moment pour corriger la vie."

Les habitants du quartier du théâtre sont réveillés à deux heures et demi du matin par un cri et des bruits. La police arrive bientôt et l'on découvre le cadavre de l'actrice Ellen Moore, l'épouse du directeur du Royal County Theatre, chez sa partenaire Mary Baring, prostrée à côté d'elle. Les deux femmes, qui ne s'entendaient pas, se seraient querellées au cours du dîner pour une raison inconnue. La meurtrière présumée passe en jugement mais ne peut se disculper car elle ne se souvient pas des circonstances précises du crime. Sept des onze membres du jury la croient coupable, les autres se rangeant finalement, après discussion, à l'opinion majoritaire, l'acteur Sir John en dernier après avoir tenté, en vain, de trouver des arguments plausibles à l'innocence de Mary. Celle-ci, échappant à la peine de mort, est condamnée à la réclusion à vie. Sir John, pris de remords, essaie de comprendre les motifs du geste insensé de la jeune femme. Il est surtout obsédé par la présence d'une fiole de brandy vide sur le lieu du crime. Il décide de reprendre l'enquête avec l'aide du régisseur Brown, lequel lui apprend la présence, au moment des faits, d'un mystérieux policier dans la rue où habitait Mary.
Version allemande de Murder, Mary, tourné également dans les studios d'Elstree, se démarque de son double par le casting, le découpage et le final. Le traitement que lui apporte Alfred Hitchcock est également assez différent, plus sombre et réaliste. L'influence de l'expressionnisme allemand, dont le réalisateur a été le témoin en voyant tourner Murnau notamment, est manifeste, en particulier dans la manière de photographier les visages. Et la scène finale qui se déroule dans un cirque n'est pas sans évoquer Spione de Fritz Lang. Si la vraisemblance des situations et l'intensité du suspense sont relativement faibles, il s'agit bien d'un film hitchcockien, développant les thèmes, repris à plusieurs reprises, du faux coupable et de la recherche de la vérité*. A ce dernier titre, le fait que les principaux protagonistes soient des comédiens ajoute un second niveau de lecture intéressant à l'intrigue, celui de la dissimulation symbolisée par le personnage ambigu de Fane. Enfin, le jeu d'Alfred Abel, qui a tourné avec les deux cinéastes allemands précités, se révèle plus efficace que celui de son homologue britannique Herbert Marshall.
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*la pièce donnée au Royal County Theatre s'intitule d'ailleurs "Nothing but the Truth".

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