jeudi 8 juin 2006

Le Doux amour des hommes


"... Ils miment la vie au lieu de la vivre, en croyant la vivre."

Raoul Vallonges multiplie les aventures amoureuses tout en écrivant des poèmes. Un matin, en quittant les bras d'Agathe, il croit reconnaître dans la rue la silhouette de Mariette, son premier amour, qu'il croisera effectivement le jour suivant. Dans le bistrot qu'il fréquente assidûment où il retrouve son ami Maxime, il remarque Jeanne, toxicomane repentie dont s'occupe André, adossé au bar, selon le garçon de café. De retour chez lui, Raoul, trop fatigué, demande à sa jeune voisine Patricia de remettre le cours qu'il a l'habitude de lui donner avant d'aller voir Véronique, la mère de celle-ci, une veuve mélancolique à laquelle il consent un peu de tendresse. Le lendemain, le jeune homme se rend à la piscine et y aperçoit Jeanne. Inquiet par sa très longue immersion au fond du bassin, Raoul plonge et la remonte à la surface. Après avoir un peu discuté, Jeanne entraîne le garçon transi dans son vestiaire et lui demande de lui faire l'amour.
Avec ce nouveau film, Jean-Paul Civeyrac abandonne le style hypnotique, cataleptique inauguré depuis Les Solitaires et retrouve une certaine verve réaliste. La source narrative y a probablement contribué puisque Le Doux amour des hommes s'inspire librement d'un ouvrage paru en 1897, "Penses-tu réussir !"* de l'écrivain "Décadent" Jean Le Barbier de Tinan, un ami de Pierre Louÿs décédé à l'âge de vingt-quatre ans. Mais à l'ombre de cette apparente vigueur, de cette légèreté nonchalante se profilent encore errance et désespoir. Comme si tout repère sur la carte du pays de Tendre avait été définitivement aboli puisque c'est avant tout d'un parcours initiatique sentimental que traite le film. Jolie prestation des trois acteurs principaux et judicieux choix de la musique du compositeur allemand Max Reger pour souligner délicatement le romantisme moderne de cette quête de vie à travers l'amour.
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*"... ou les diverses amours de mon ami Raoul de Vallonges."

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