mercredi 5 avril 2006

Appurushîdo (appleseed)


"Nous construirons notre futurs nous-mêmes !"

On peut dire, sans sourciller, que pour un coup d'essai, c'est un coup de maître. La (libre et partielle) adaptation de la saga-manga en cinq volumes signée Shirow Masamune, déjà connu pour Kôkaku kidôtai, de Shinji Aramaki ne manque pas d'impressionner par la prouesse technique déployée comme de séduire grâce à ses qualités artistiques. Le réalisateur a su conserver l'essentiel de la bande dessinée, vaguement inspirée des œuvres de science-fiction d'Isaac Asimov et de Philip K. Dick notamment, tout en apportant les inflexions narratives et visuelles susceptibles de lui permettre, après la version de Kazuyoshi Katayama, de réussir ce nouveau passage à l'écran.
Dans une ville dévastée pas la Troisième Guerre mondiale, Deunan Knute et ses compagnons sont attaqués par de redoutables mercenaires. Seule survivante, elle est sauvée par les membres d'une escouade héliportée de l'ES.W.A.T. parmi lesquels se trouve son ex-amant Briareos devenu un cyborg à la suite d'une blessure mortelle pendant le conflit. Pendant son transport vers la cité d'Olympus, la jeune et remarquable guerrière, fille du célèbre colonel Karl Knute, apprend par Hitomi, responsable de la mission, la fin du conflit et la mise sous tutelle de la planète par Gaïa, un super-ordinateur. Lui même contrôlé par un gouvernement dirigé par Athéna Alleus composé de bioroïdes, des clones sans émotions chargés de garantir la stabilité de l'humanité, par un conseil de sept Anciens (humains) et par une assemblée législative mixte.
Au sein du parlement, le général Edouard Uranus III et son adjoint Hadès vouent une haine farouche à l'égard des bioroïdes. Athéna, après une attaque d'un centre de soin par un groupe d'exosquelettes inconnu, décide de restaurer les fonctions reproductrices des bioroïdes grâce aux travaux de feu le docteur Gilliam et confie à Deunan le soin d'en retrouver les données. Cette décision pousse aussitôt le général Uranus a engager des hostilités ouvertes.
Nul doute qu'avec Appurushîdo, dans la lignée des Kidô senshi Gandamu I, Akira et Gunnm, le cinéma d'animation est entré résolument dans le XXIe siècle. Moins poétique et philosophique que Final Fantasy auquel il fait un peu penser, ce premier film de Shinji Aramaki, scénariste et concepteur des mécaniques (mechanical designer) sur Baburugamu kuraishisu, parvient à un juste équilibre dans ce que l'on peut appeler, pour le genre en question, le naturalisme fantastique. Par rapport au manga, le passage à la couleur est évidemment un atout, l'édulcoration significative de la crudité des dialogues et de la nudité de certaines planches ne constituant pas non plus un handicap. La parenté avec le jeu vidéo est, dans quelques scènes, manifeste tandis que le réalisme des personnages et des mouvements (la seule héroïne est "jouée" par trois actrices, pour le visage et la voix, pour l'action et pour l'interprétation) laisse parfois la place, selon le cas, à un formalisme quasi synthétique ou graphique. Enfin, le mariage entre 3D et dessin traditionnel (baptisé toon shading) est du plus bel effet esthétique, notamment par le jeu des lumières et des ombres. 

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